The Sound of Brussels : Cédric Castus

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
30/03/2016

Chaque semaine, AGENDA part à la recherche des images et des sons de Bruxelles. Cédric Castus donne son nom de famille à un projet qui invente d’autres façons d’utiliser la guitare. Entre rock instrumental, mélodies répétitives et grand trip cinématographique.

À quelques jours de la sortie d’un troisième album baptisé Orca, Cédric Castus convie l’AGENDA dans l’antre de son processus créatif, aux anciennes glacières de Saint-Gilles. À proximité de la chaussée de Waterloo, il convient de montrer patte blanche pour espérer pénétrer à l’intérieur des lieux. À notre arrivée, un écran tactile nous refuse obstinément l’entrée. Le doigt posé à l’envers ou à l’endroit, ça ne fonctionne pas... Comme dans un film de science-fiction, c’est le musicien qui vient à la rescousse, donnant une partie de son corps à la technologie pour nous ouvrir la porte. « Je me suis installé ici en 1999 », raconte le guitariste en indiquant la marche à suivre. « À l’époque, je sortais d’une rupture sentimentale. J’avais vécu pendant des années à Barcelone. De retour à Bruxelles, mon ami Boris Gronemberger (batteur de Girls In Hawaii, NDLR) m’a proposé d’intégrer son groupe (V.O., NDLR) et d’installer mon matériel dans ce local. Depuis, je n’ai plus bougé ». On se lance alors dans un micro-dédale : une succession de couloirs incrustés de placards. Une rangée d’escaliers nous conduit ensuite jusqu’au sous-sol, repaire de Castus et de sa fameuse guitare électrique. La cave est voûtée, la brique apparente. L’endroit s’avère humide. L’air qui circule ici-bas est d’une fraîcheur intense, vivifiante. « Cette sensation est tout à fait normale », explique-t-il. « Bien avant l’invention du frigo, on entreposait ici d’énormes blocs de glace. Des charrettes étaient chargées de glaçons et partaient à travers Bruxelles pour livrer les particuliers et les restaurants ». Au début du siècle dernier, le niveau supérieur du bâtiment a été aménagé en patinoire, avant de se transformer en piscine extérieure. Aujourd’hui, cette surface s’est métamorphosée en parking. « C’est moins charmant, mais plus fonctionnel ».

Chakras, squelettes et gadgets
Différentes associations occupent à présent l’espace. Alors qu’on pénètre dans le studio du musicien, un cours de yoga se déroule au-dessus de nos têtes. En se concentrant quelques secondes, on peut presque ressentir le rayonnement des chakras supérieurs. Les ondes sont extrêmement positives. « Quand je bosse seul, je travaille généralement en journée. Je m’organise des sessions de trois à quatre heures. Plus que ça, c’est impossible : ma concentration s’effrite au fil des minutes et retombe forcément à un moment ou l’autre. Avec le groupe, c’est différent. On se retrouve souvent en soirée et l’esprit d’équipe est un incitant parfait pour prolonger les répétitions ». Longtemps considéré comme un projet solo, Castus se présente aujourd’hui sur scène entouré d’un supergroupe bruxellois. Entre la basse de Frédéric Renaux (He Died While Hunting) et la batterie de Boris Gronemberger, plusieurs guitares se bousculent au portillon. Celles de François Schulz (Hoquets), Clément Marion (Le Colisée, JoieJoieJoie, Lomboy), Franck Baya (FùGù Mango) ou Stéphane Daubersy (Françoiz Breut) entrent traditionnellement en action.

« Les glacières sont clairement associées à la genèse de mon album », souligne Cédric Castus. « Tous les squelettes des morceaux sont nés ici. Mon jeu de guitare passe toujours par un numéro d’improvisation. En règle générale, j’expérimente jusqu’au moment où je tombe sur un motif sonore intéressant. Partant de là, je creuse l’idée en essayant de l’enrichir ». Traversés d’une multitude de bruits arrachés à d’autres réalités, les dix morceaux enregistrés pour les besoins du nouvel album survolent les logiques du post-rock avec quelques gadgets (voir encadré) dans les poches et des musiques de film plein la tête. À l’écoute d’Orca, il semble en effet difficile de ne pas songer aux œuvres d’Ennio Morricone, John Barry ou Henry Mancini. Instrumentale, souvent rêveuse, parfois barrée, la musique de Castus serpente sur les cordes de la guitare et réinvente l’art de la boucle électrique. Sans jamais tourner en rond.

La boîte à malice
Posée sur le rebord d’une table, une boîte déborde d’objets indéterminés. Fourre-tout pour brols multiformes, la petite caisse occupe une place significative dans l’univers de Castus. « Ce coffret me suit depuis les débuts. Quand j’ai décidé de me lancer en solo, j’ai immédiatement cherché à donner du relief à ma musique. Quand on se limite à une guitare et un ampli, on se doit d’imaginer d’autres textures sonores pour ne pas sombrer dans l’ennui et les clichés ». La boîte enferme quelques trésors : barrettes métallisées, porte-clés, fouet à cappuccino, marteau, sonnettes de vélo, ballons, sifflet, métronome, petite radio et appeaux jouent un rôle essentiel dans le laboratoire de l’artiste bruxellois. « J’aime utiliser ces objets incongrus dans mes morceaux. L’idée, c’est d’imaginer des alternatives avec des bibelots du quotidien : des trucs qui, à première vue, n’ont aucun lien avec la musique. Tous ces objets sont parfaitement contraignants. Mais ils me poussent à jouer de la guitare autrement ».

Commune : Saint-Gilles
Album : Orca (Matamore)
Concert : 6/4, 20.00, Les Ateliers Claus, www.lesateliersclaus.com
Info : www.castus.be

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