Tom McRae, intime et apaisé

Tom Peeters
© Agenda Magazine
10/05/2013
Dans From The Lowlands, le pendant apaisé et intimiste de The Alphabet Of Hurricanes, le chanteur-compositeur Tom McRae chante de façon libératoire le suicide d’un grand ami, avec force métaphores aquatiques. « C’est le disque le plus cruel, le plus sombre et le plus explicite que j’aie jamais écrit, mais je devais le faire ».


Il avait mis en évidence sur un des murs de son studio à une liste de mots à éviter soigneusement tels que  « rivière »,  « mer », « océan ». Et pourtant Tom McRae, dans son nouvel album From The Lowlands puise précisément à l’inépuisable répertoire formé par ces métaphores aquatiques. « Ce flux continu est propre à la condition humaine. Nous sommes composés principalement d’eau et vivons au rythme des cycles lunaires, tout comme les marées. Si quelque chose de bon ou de moins bon arrive avec la marée, il disparaîtra aussi avec elle un jour. L’eau a en outre un effet apaisant sur moi », poursuit cet habitant des plaines qui vient de déménager dans une zone inondable du Sud-Ouest de l’Angleterre.

« Dans le village où j’habite, il y a tellement d’eau dans le sol qu’un peu de pluie suffit à provoquer des inondations. » Il nous avoue apprécier cela d’un côté. « J’aime l’idée que pour être créatif, il faille se couper parfois de la terre ferme. J’ai oublié le nom de l’auteur de cette citation suivante : on ne découvre pas de nouveaux continents sans le courage de perdre de vue les rivages anciens » (de l’écrivain français, prix Nobel de littérature, André Gide, NDLR). From The Lowlands est en fait le pendant doux de The Alphabet Of Hurricanes (2010).

« J’avais mis de côté les morceaux les plus apaisés et mélancoliques. Et entre-temps, j’ai composé des nouvelles pièces qui pouvaient être associées à ce noyau de départ. » Ce sont des chansons qui gagnent en éloquence lorsqu’on connaît leur origine. Après avoir un peu tourné autour du pot, McRae nous dévoile le chagrin qu’il essaie de surmonter : la découverte il y a trois ans du corps sans vie de son ami Phil McKinnie, qui s’était donné la mort après un divorce douloureux.
« Au début, je ne voulais pas écrire sur cela. Je ne suis pas un vampire ! Mais les chansons sont venues d’elles-mêmes et sont devenues ma thérapie. Je devais me libérer de cela. Je réalise maintenant plus que jamais que les événements les plus tragiques font partie de notre existence. A un enterrement il arrive que des gens pleurent des personnes qu’ils n’aimaient pas de leur vivant. Ils pleurent sur eux-mêmes plus que sur la personne décédée. Quand j’étais en train de réaliser mon nouvel album, je me suis souvent demandé si j’étais un de ces bigots qui simulent les larmes ou si tout cela était authentique. Ce n’est que quand j’ai compris que ça l’était que j’ai persévéré. Ce n’est qu’avec recul que l’on peut comprendre les choses. Écrire au sujet de ce drame a été pour moi la seule façon de comprendre et de donner sens et structure au geste de mon ami. »

 « La musique peut faire mal », conclut le chanteur, « car la vie le fait aussi. Et de la musique triste peut avoir un effet édifiant. Je ne suis pas ce pauvre hère mélancolique et tourmenté pour lequel me prennent certains. J’ai mes hauts et mes bas, comme tout le monde. Mais parce que je voulais en tout premier lieu être jugé sur ma musique, j’ai préféré garder ce chagrin pour moi dans un premier temps. »


Tom McRae • 13/5, 19.30, €17/20, Botanique, Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, www.botanique.be

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