(© Athos Burez)

Le troisième album de The Van Jets entrechoque encore une fois beauté et violence brutale. Mais les guitares hurlantes se retrouvent aujourd’hui en concurrence avec des claviers kitsch. «Avec les synthés, on peut facilement se casser la gueule».

Non, non, ils n’en avait pas marre des guitares, répètent le chanteur Johannes Verschaeve, son frère batteur Michaël et le guitariste Wolfgang Vanwymeersch au Huis 23, le salon de l’AB. Mais ils reconnaissent qu’après deux albums rock qui s’appuyaient sur des guitares déchaînées et brutes, ils voulaient passer à autre chose. « Tout le monde se focalise sur ce changement de cap », dit Johannes, en train de chipoter à ses ongles couverts de vernis rouge - un vestige du clip de Danger Zone, qu’ils viennent de boucler. « Mais je ne pense pas qu’il y ait moins de guitares sur Halo. Elles sont tout simplement emballées autrement ». « Les synthés permettent de nouvelles atmosphères », précise Michaël. « C’était très rafraîchissant d’aborder la musique d’une autre manière ». « C’était aussi risqué, parce qu’avec les synthés, on peut facilement se casser la gueule », ajoute Johannes. Le très enjoué single Here Comes The Light a déjà prouvé qu’ils n’avaient pas de soucis à se faire.

Les Van Jets ont remporté le concours Rock Rally il y a huit ans, à leur grande surprise. Ils avaient de bons morceaux, ça oui, mais ils trouvaient qu’ils étaient des musiciens « moyens ». Leur premier opus et Cat Fit Fury!, sorti il y a deux ans, étaient de bons albums rock, mais souffraient d’un léger manque de confiance. Leur transformation sur Halo a libéré les Gantois. The Van Jets 2.0 ne font plus seulement référence au blues mais jonglent avec la pop acérée des eighties et la lascivité du funk, jusqu’à des chœurs gospel qui atteignent le firmament et des beats hip-hop renversés. Halo est du pop art saturé, ludique et inventif. Un album dansant, qui veut atteindre les tripes. Le groupe a mis au point cette nouvelle palette avec Jeroen De Pessemier, meneur farouche de The Subs. Avec lui, ils se sont rendus au Motorbass Studio à Paris, celui du cerveau de Cassius, Philippe Zdar.

Avec Jeroen De Pessemier, vous cherchiez volontairement la confrontation ?
Michaël Verschaeve :
Nous voulions surtout quelqu’un de proche, pour pouvoir échanger des idées en continu. Un producteur international, comme pour notre album précédent, vient écouter de temps en temps les répétitions et puis on rentre dans son studio. Le lien est automatiquement plus faible.
Johannes Verschaeve :
Nous avions aussi sur les bras ce dogme des groupes belges qui doivent travailler avec un producteur international. Mais ça ne garantit pas un bon album. Cet « étranger » ne comprendra pas tout à fait notre musique, il y aura toujours une différence de culture. Avec Jeroen, nous avons tout de suite trouvé une âme sœur, mais en même temps, il réfléchissait « hors des sentiers battus ». Il n’avait pas sur nous ce préjugé de « groupe à guitare ».



Sur scène, De Pessemier n’a pas de limites. Comment est-il en studio ?
Wolfgang Vanwymeersch :
Pareil (rires). Il est très impulsif. S’il sent que tu as une idée, il saute dessus et trois heures plus tard, le morceau est enregistré.
Johannes :
Il ne fait pas beaucoup de production, car ça lui pompe trop d’énergie. Il y pense tout le temps. J’ai reçu un message vocal en plein milieu de la nuit (imitant la voix rauque de Jeroen) : « Johnny, on va faire ce morceau comme ça ! Ça va être génial ! » Avec Jeroen, je me suis plongé dans des méthodes pour stimuler la créativité. Par exemple, en déclenchant des sons par des images. Parfois, on se déguisait en studio, ou on regardait des films. En tant que musicien, ton plus grand ennemi, c’est ta conscience. Il faut se plonger dans son imagination et éliminer autant que possible les mécanismes de contrôle.

Vous avez commencé à écouter d’autres musiques ?
Johannes :
J’ai redécouvert le Prince de Controversy et de 1999, la période où il a exploré les frontières de l’acceptable et commencé à s’amuser avec les genres. J’ai aussi souvent fait tourner Grace Jones et The Clash, parce que leur musique est très rythmique, physique. Les sons du synthé forment une sorte de couleur primaire avec laquelle la musique peut sonner de manière « plastique » et te faire passer dans une sorte d’imaginaire à la Alice au pays des merveilles. Avec la guitare, tu as toute l’histoire du rock en tête et tu fais tout de suite référence au blues.

Mais Bowie reste une influence, d’après tes tenues de scène.
Johannes :
J’ai toujours un faible pour lui, parce que comme moi, il aime jouer avec l’aspect théâtral dans la musique. C’est ce qui fait qu’on nous colle toujours cette étiquette glamrock, alors que nous en sommes loin, aujourd’hui plus que jamais. Le glamrock, c’est quelques mauvais groupes des années 70 avec des costumes ridicules. Par contre, je suis depuis plusieurs mois sous l’emprise de The Life and Death of Marina Abramovic, un spectacle de Robert Wilson avec Willem Dafoe et la musique d’Antony Hegarty. Une pièce à deux couches, des sortes de tableaux vivants qui s’enchaînent. Danger Zone est un hommage à ce spectacle. Ça n’a rien à voir avec le glamrock, c’est juste qu’on trouve là aussi cette double couche, ce dépassement de la réalité. Je trouve ça fantastique.

(© Athos Burez)

Je voulais aussi dire que je trouve qu’Halo est un album particulièrement joyeux.
Johannes :
C’est vrai. Here Comes The Light parle du premier jour du printemps. Soudain, le soleil est là et on sent la vie qui revient. C’est presque comme les drogues, tu te retrouves dans une ivresse après le blues de l’hiver. Cette chanson a été un manifeste pour l’album.
Wolfgang :
C’est la vie qui vous prend dans ses bras. Sans ironie.
Johannes :
Ce n’est pas très fashion (rires). Dans la musique rock, il s’agit souvent de cadenasser ses émotions positives. Et ça, on n’en voulait plus.

The Van Jets • 10/11, 20.00, SOLD OUT!, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, 
Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, info@abconcerts.be, www.abconcerts.be

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