YellowStraps x Le Motel

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
16/10/2015
(© Heleen Rodiers)

Chaque semaine, AGENDA part à la recherche des images et des sons de Bruxelles. YellowStraps x Le Motel marque la rencontre entre deux univers : une réalité organique et un rêve électronique. À la croisée des genres, le projet s’impose avec style.

Saint-Gilles. À quelques pas des fameux « petits os » de la place de Bethléem, les odeurs de grillades s’estompent pour laisser place à l’ambiance conviviale d’un troquet portugais. Ici, on cause football et Super Bock. On sirote son café sur le trottoir, juste au coin d’un rond-point qui s’emprunte dans tous les sens. La scène est un peu surréaliste. Bienvenue en Belgique, aux abords de la rue Hennebicq. C’est ici que l’union fait la force : l’endroit choisi par YellowStraps et Le Motel pour fusionner leurs musiques sous les couleurs d’une seule et même entité. Sur la sonnette, une étiquette annonce le nom de Fabien Leclercq. Le Motel, c’est lui. Accueillant, affable, le garçon (à gauche sur la photo) nous ouvre la porte de son appartement : trois pièces enfilées les unes aux autres dans un même élan, lumineux et chaleureux. À l’entrée, un lit, une couette, deux oreillers. Un laptop, deux guitares, un synthé. Aucun doute, c’est bien là – entre rêve et réalité – que le premier album de YellowStraps x Le Motel a vu le jour. Le propriétaire des lieux, graphiste intermittent et électronicien à temps plein, est accompagné d’Yvan Murenzi (à droite), la voix de velours du groupe YellowStraps. « On se connaît depuis toujours », expose le chanteur en rajustant délicatement ses lunettes. « Moi, je suis né au Rwanda. J’ai transité un moment en Ouganda avant d’atterrir ici. J’ai grandi à Braine-l’Alleud avec mon frère Alban. C’est là-bas qu’on a rencontré Fabien ». Voisins de quartier, les gamins partagent également les bancs de l’école primaire. « On était tout le temps fourrés ensemble », se souvient Fabien Leclercq. « On avait 8 ans, on passait nos journées sur des planches de skate… jusqu’au jour où je me suis mis à la guitare ». Séduits par l’instrument de leur meilleur copain, les frangins Murenzi passent également à l’action. « Alban a totalement accroché. Il grattait ses cordes du matin au soir. Petit à petit, Yvan s’est mis à chanter et moi, j’ai abandonné la guitare pour m’essayer aux synthés ». Sans jamais se perdre de vue, les trois musiciens tracent leur chemin et s’émancipent. Début 2011, du côté de Bruxelles, leur savoir-faire collectif a pris la forme de deux unités élémentaires. Les frères Murenzi ont imaginé le groupe YellowStraps pour diffuser leurs envies pop-rock. Fabien Leclercq héberge pour sa part des productions électroniques sous l’enseigne du pseudo Le Motel.

Au printemps 2013, les garçons se retrouvent pour ressasser les souvenirs d’enfance, refaire le monde et tirer des plans sur la comète. « Après d’interminables discussions, on s’est pris au jeu. On a improvisé un morceau intitulé Pollen et ça a débouché sur un truc magique... Ce titre, c’est vraiment l’ADN de YellowStraps x Le Motel ». Entre électro minimale, R&B lunaire et pop éthérée, cette chanson dévoile les contours d’une nouvelle personnalité. « La formule qu’on propose aujourd’hui est un peu comparable à la cohabitation entre Jamie xx et The xx », indique Le Motel. « Notre projet, c’est plus qu’une collaboration. C’est une entité voulue et conçue ensemble depuis le début. C’est une esthétique qui n’est ni celle de YellowStraps ni la mienne. Désormais, on partage un son commun ». Relax, détendu, l’univers de YellowStraps x Le Motel convoque des bribes de bossa-nova, la fragilité R&B d’un Chet Faker, le flegme pop d’un King Krule et, comme chez RJD2 ou Mount Kimbie, un panorama imaginé aux confins des matières synthétiques et acoustiques. « Au début, on se voyait pour de simples répétitions chez Fabien », explique Yvan Murenzi. « On s’installait entre son lit et le bureau et, à chaque fois, ça donnait naissance à de nouvelles compos. De fil en aiguille, on a évoqué la possibilité d’enregistrer tout un album ».

Pendant neuf mois, des sessions prennent place dans le petit appartement. « On travaillait essentiellement en journée, quand les voisins étaient au boulot. Le seul stress, c’était qu’il il y avait des travaux à l’étage. Il fallait éviter d’enregistrer quand la perceuse défonçait le plafond au-dessus de nos têtes. Pour le reste, tout s’est parfaitement mis en place ». Au terme de l’effort, le trio inaugure les douze chansons de Mellow, un disque dorloté par des refrains apaisants (Valium, Bruxelles ma Belle) et quelques mélopées douces et moelleuses (Arpeggio, Mirror Lake). Soit un album profilé pour veiller tranquillement jusqu’aux petites heures de la nuit ou retrouver ses esprits au réveil d’une grasse matinée.
(© Heleen Rodiers)

Code d’accès
« Au début, j’écrivais tous mes textes sur des feuilles volantes », précise Yvan Murenzi en sortant un calepin de sa poche. « Quand on a composé le titre Pollen, j’ai commencé à griffonner dans ce carnet. En parcourant les pages, on peut ainsi s’apercevoir que ce morceau a failli s’intituler La Sauce (aigre-douce) ou qu’un autre, finalement resté dans les cartons, aurait pu s’intituler Pleurer Bambou. Ce carnet renferme toute l’histoire du projet. Il contient les paroles des chansons, des croquis, mais aussi des idées, parfois avortées. Tout est là. En écrivant les paroles pour l’album de YellowStraps x Le Motel, j’ai aussi cherché à raconter un récit. Rassembler tous les textes dans un même carnet, ça m’a aidé à faire avancer l’histoire, tout en évitant de répéter des mots, des émotions, qui avaient déjà trouvé une place dans les autres chansons. Ce carnet de notes, c’est le code, le référent ultime ».

Commune : Saint-Gilles
Album : Mellow, sortie le 21/10
Release Concert : 21/10, 19.30, Botanique, www.botanique.be
Info : www.facebook.com/Yellowstraps

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