Yo La Tengo : les trente glorieuses

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
13/03/2013
Après trois décennies passées à décortiquer l’ADN du rock indépendant, les increvables Yo La Tengo font état de leurs nouvelles avancées sur Fade, treizième chapitre discographique d’une histoire sans fin. Produit par John McEntire (Tortoise), ce nouvel album voit le trio d’Hoboken caresser la pop dans le sens du poil et porter la mélodie au plus près du corps.

L’histoire de Yo La Tengo semble indissociable de celle du Maxwell’s, un club du New Jersey. « C’est l’endroit qui explique pourquoi nous vivons à Hoboken », explique Ira Kaplan, chanteur, guitariste et songwriter du groupe. « Fin des années 70, on cherchait où s’installer. On voulait vivre à proximité d’une salle de concert. À l’époque, la plupart des groupes passaient par les clubs de Brooklyn ou par le Maxwell‘s. Comme Manhattan était hors de prix, on s’est tournés vers le New Jersey voisin. On a posé nos valises à Hoboken, Georgia est devenue DJ au Maxwell’s et moi, j’ai pris possession de la table de mixage. Quatre soirs par semaine, on travaillait là. Pour assister à un bon concert, c’est la salle la plus cool du monde. Quand on a formé Yo La Tengo, le propriétaire des lieux nous a accueillis à bras ouverts. Au début, tous nos concerts se déroulaient au Maxwell’s. On invitait tous nos amis. Mais, quand je montais sur scène, j’étais terrifié à l’idée de me produire devant mes proches. En 1986, on est venus en Europe pour la première fois. On ne connaissait personne. Ça m’a tout de suite semblé plus facile de jouer devant de parfaits inconnus. Ce qui m’amène à évoquer le paradoxe du Maxwell’s : c’est la salle de concert qui m’est la plus familière et, en même temps, c’est toujours un exercice difficile de s’y produire. Là-bas, les gens en attendent presque trop de Yo La Tengo ».

Voilà 30 ans que vous arpentez les circuits de la scène indépendante. Au fil du temps, qu’est-ce qui a changé pour Yo La Tengo ?
Ira Kaplan : Ma réponse va peut-être sembler étrange mais, pour moi, c’est une évidence. Au cours de toutes ces années, l’existence de Yo La Tengo s’est cristallisée autour de trois personnalités. Quand je regarde dans le rétroviseur, je ne vois qu’une chose : l’évolution de nos relations personnelles au sein du groupe. En 30 ans, les gens changent. Entre la vingtaine et la cinquantaine, on a le temps de se poser des questions, de penser différemment. Malgré tous ces chamboulements existentiels, on est toujours là. Quand j’y pense, ça me surprend toujours.
En 2009, Yo La Tengo a troqué son nom contre celui de Condo Fucks, le temps d’un album de rock garage exclusivement composé de reprises. Sur scène, vous reprenez régulièrement des trésors cachés, des morceaux oubliés par l’histoire. Pourquoi relire les chansons des autres ?
Kaplan : Il y a de nombreuses raisons qui justifient l’envie de reprendre une chanson. Sur un plan personnel, j’apprécie quand un groupe me surprend avec une reprise. Sur un plan pratique, c’est une excellente façon de progresser, de faire évoluer sa technique. Le plus beau, c’est lorsque l’on parvient à faire autre chose du morceau original.

Le premier single issu du nouvel album s’intitule Stupid Things. Quelle est la chose la plus stupide que vous ayez jamais faite ?
Kaplan : Je marchais dans la rue, j’ai sorti mon flingue, mais je ne savais plus très bien si l’arme était chargée… (Sourire) Non, je déconne : je n’ai jamais mis les doigts sur une gâchette. Je fais régulièrement des petites erreurs, des trucs stupides. Mais je suis persuadé que cela débouche toujours sur quelque chose de positif. Je pars du principe qu’on ne peut changer le passé. Partant de là, j’ai appris à composer avec mes bêtises (sourire).

Yo La Tengo • 16/3, 20.00, €22/25, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, www.abconcerts.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Muziek

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni