Zam Ebale ne peux pas donner un concert sans danser

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24/01/2012
Zam Ebale est un danseur et un chorégraphe reconnu chez nous et dans son Cameroun natal, mais le voilà prêt à assumer une autre dimension de son identité multiple, celle de chanteur. Il a profité de sa résidence artistique au Pianofabriek pour enregistrer son premier album, une symbiose entre ses racines africaines et son mode de vie moderne. Zam Ebale est issu de la tribu bulu-fang, qui vit au cœur de la forêt équatoriale du sud camerounais. Cette tribu de chanteurs, proche des pygmées, dialogue avec la forêt vierge et vit en symbiose avec la nature. Ebale y a grandi aux cotés de sa mère et de sa grand-mère, artistes et détentrices du patrimoine traditionnel de la danse et du chant. « Elles m’ont donné une formation artisanale et j’ai été exposé à la modernité en vivant la majorité de ma jeunesse dans la grande ville, à Yaoundé, la capitale. C’est là que je me suis intéressé à la soul et au blues, avant de faire trois ans d’études de musique classique en Belgique », raconte Ebale.

Bruxelles, un laboratoire
Devenu un des danseurs-chorégraphes les plus en vogue du Cameroun, il se heurte aux autorités en affichant son homosexualité dans un pays où la loi punit ces « mœurs spéciales ». En plein clash, Ebale part en tournée européenne et décide de rester à Paris, avant de déménager vers Bruxelles, une ville qui lui plaît. « Bruxelles m’a beaucoup apporté car la ville est très cosmopolite sans être étouffée par un nationalisme auquel il faut se conformer. Ça permet à l’artiste de développer vraiment sa propre identité. Je voix Bruxelles comme un laboratoire où l’on peut essayer des choses, un endroit propice aux rencontres artistiques. C’est pour cela que beaucoup de grands artistes africains ont vécu ici : Manu Dibango, Miriam Makeba, Salif Keita… »

Michael Jackson
C’est à Saint-Gilles, « le poumon artistique de Bruxelles », qu’il rencontre ses musiciens, des Bruxellois d’origines diverses : un bassiste belge, un batteur français, un percussionniste sénégalais, un guitariste marocain, un pianiste bulgare et deux choristes belges. « On a cherché à savoir quels instruments occidentaux pourraient se fondre avec mon chant traditionnel, mais aussi avec la danse, car je ne pourrais pas donner un concert sans danser. En Afrique, la danse et la voix sont inséparables. Ici en Europe, on est forcé d’être soit chanteur soit danseur, alors que Michael Jackson était chorégraphe, chanteur et danseur ».
Pour composer, Zam Ebale s’inspire des chants bikutsi des femmes dans la forêt. « Kut veut dire frapper et si le sol. Les femmes forment un cercle et chantent leurs peines et les tabous en battant les pieds. C’est le blues camerounais… » Mais Ebale ne se limite pas à la tradition, il montre avec fierté sa veste bleue et fuchsia et ajoute une dimension rock’n’roll à sa musique. « Si l’Afrique veut s’épanouir, il faut revoir la censure, les interdits et les tabous. Et défendre les minorités. Car si je suis en Europe, c’est parce qu’on est beaucoup plus libre ici ».

Zam Ebale
26/1, 20.00, €5, Pianofabriek, rue du Fortstraat 35, Sint-Gillis/Saint-Gilles,
02-541.01.70, info@pianofabriek.be, www.pianofabriek.be

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