André: les contradictions d’un champion

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
07/03/2014

(© Mario Del Curto)

Pour les amateurs de tennis, les années 90 étaient celles d’André Agassi, le Kid de Las Vegas. Avec son short en jeans et ses tenues flashy, il régnait sur les courts où il fut le premier joueur à s’être imposé dans les quatre tournois du Grand Chelem. Dans Open, son autobiographie parue en 2009, il révèle pourtant entre autres choses que pendant l’essentiel de sa carrière, il a pratiqué un sport qu’il ne supportait pas. Au détour d’un tourniquet de gare, la comédienne Marie Rémond est tombée sur le bouquin. En l’adaptant au théâtre, elle signe un spectacle improbable bourré d’humour et plein de questions sur la liberté et la destinée.

Qu’est-ce qui vous a touchée et séduite dans le bouquin d’Agassi ?
Marie Rémond : C’est sa manière d’aborder les choses. Il ne nous ennuie pas avec la célébration lisse d’une carrière hors du commun et on entre tout de suite dans les conflits qui se passent dans sa tête. Du coup, je n’ai pas eu l’impression de lire les mémoires d’une célébrité, mais de partager des questions qui peuvent toucher n’importe quel être humain. On a quelqu’un qui se bat avec ses contradictions sans jamais les résoudre et sans se positionner à aucun moment comme un héros. Je me suis dit qu’il y avait là une matière théâtrale intéressante.

L’approche théâtrale s’est-elle imposé d’emblée ?
Rémond : Après avoir lu le livre, j’ai commencé par une sorte de montage de quelques passages qui me semblaient intéressants. J’avais ainsi accumulé toute une matière que j’ai proposée à deux amis comédiens. Je savais qu’on partageait une certaine manière de travailler, une approche du théâtre. On a commencé à bosser ensemble en mêlant l’adaptation du livre et des séquences d’improvisation. On réécrivait le texte au fur et à mesure en essayant de le rapprocher de nos questionnements pour en faire quelque chose de beaucoup plus personnel. Et puis, ce qui était très excitant, c’est que ce n’est pas une matière théâtrale à la base. Tout était à construire et à inventer. Comme on avait très peu de moyens, cela nous a obligés à trouver une manière originale de dérouler le récit. Nous avions aussi envie de nous amuser avec les conventions théâtrales. J’ai décidé d’interpréter André pour garder un fil conducteur et créer une certaine distance par rapport à l’idée d’un biopic, et les deux garçons interprètent différents personnages en traversant les époques. Cette manière de créer le récit amène aussi de l’humour qui vient du plaisir de l’invention théâtrale.

Au delà de la personnalité et du parcours d’André Agassi, quel est le sujet du spectacle ?
Rémond : C’est la pression, l’enfermement dans lequel notre entourage peut nous plonger. Agassi nous en donne un exemple extrême, renforcé par la notoriété qui l’enferme dans une pression médiatique. Toute sa vie, il a tenté de transformer une chose qu’il n’a pas choisie, et avec laquelle il a cherché à lutter, pour finalement se l’approprier dans les trois dernières années de sa carrière. C’est un parcours qui pose beaucoup de questions sur l’éducation et sur une liberté de choix qu’il n’a pas eue et qu’il revendique. En tout cas, il s’est retrouvé piégé dans des contradictions dont il n’a pas pu sortir, ce qui est le véritable sujet de la pièce.

André 12 > 14/3, 20.30, €8/16/18, Théâtre 140, avenue E. Plaskylaan 140, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-733.97.08, www.theatre140.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Podium

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni