Antoine Guillaume, femme infâme

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
09/11/2013
Antoine Guillaume assume. C’était même le titre de son précédent seul en scène. Cette fois, il assume l’horrible langue de vipère qu’il a taillée à son nouveau personnage, Irène de Langelée, sorte de croisement entre Tootsie (même prouesse vestimentaire et cosmétique) et Margaret Thatcher (mêmes inclinations revêches). Avec son complice de toujours, Sébastien Ministru, à l’écriture, Antoine Guillaume crée A night with Irène de Langelée et trempe ses critiques de l’actualité et de la société « dans l’acide de la mauvaise foi ».

Irène de Langelée a fait du chemin avant d’aboutir dans un spectacle. Comment est-elle née ?
Antoine Guillaume : Cela remonte à Zaventem moi non plus, mis en scène par Charlie Degotte. En pleine répétition de ce spectacle complètement absurde, on se demandait comment le public allait recevoir la pièce. Dans ce délire de fin de répétition est née l’image d’une vieille acariâtre qui détesterait le théâtre
belge. On a décidé de développer le personnage. Elle a commencé à faire des critiques vidéo des spectacles du TTO, et même à interviewer les artistes, notamment Michel de Warzée, qui a été mon prof au Conservatoire. C’était quand même bizarre de le voir me faire du gringue. Voyant que le personnage décollait, Sébastien Ministru m’a proposé de faire une chronique sur Pure FM. Une fois par semaine, Irène appelle dans l’émission Snooze avec sa voix insupportable. Évidemment, elle déteste Ministru et tout ce qu’il fait.

Quel serait le portrait-robot d’Irène ?
Guillaume : C’est une dame comme on en connaît tous, qui a un avis sur tout, persuadée d’avoir toujours raison, et conservatrice à crever. Elle va vous dire qu’on ne fait pas du waterzooi avec de la coriandre mais avec du jus de poulet, et tant pis pour le côté « multiculti ». Cette vieille vipère qui dit tout haut ce qu’on pense tout bas devient pour les gens une espèce de poupée vaudou, un exutoire. Elle critique tout. Elle a évidemment vu La vie d’Adèle et a été choquée par ces filles qui ont l’air de sortir d’un baptême de l’ULB, et par cette scène de sexe de 18 minutes que même un gynéco n’aurait pas supportée. Elle a un avis sur tout : la politique belge, la création artistique, les licenciements à la pelle...

Forcément, on retrouve un petit côté gay dans ce projet. Une marque de fabrique ?
Guillaume : Depuis que je suis sorti du Conservatoire, j’ai beaucoup joué ce type de rôle. Du coup, quand je joue un hétéro moustachu, comme dans Boeing Boeing, on parle de contre-emploi. Mais j’ai joué plein d’hétéros au Conservatoire. J’ai joué dans Ionesco, Molière, et bien d’autres. C’est juste qu’à force de jouer un certain style, le milieu théâtral vous réduit à ça. Ce qui me chiffonne, c’est quand on me demande si je n’en ai pas marre de jouer des homos. La réponse est « non » parce qu’il y a toujours un fond derrière, et qu’il y a autant d’homos à raconter qu’il y a d’homos sur la planète.

A NIGHT WITH IRÈNE DE LANGELÉE 13 > 30/11, wo/me/We > za/sa/Sa, 20.30, €10/20/22, Théâtre de la Toison d’Or, Gulden Vliesgalerij 396 galerie de la Toison d’Or, Elsene/Ixelles, 02-510.05.10, www.ttotheatre.be

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