Antônio Araújo : errances à la Bourse

Patrick Jordens
© Agenda Magazine
26/05/2014
(@ Véronique Vercheval)

« Non, je ne serai pas chez moi pendant la Coupe du monde de football et j’en suis très content. Ça devient de la pure folie ! », déclare le metteur en scène originaire de São Paulo Antônio Araújo à la fin de notre conversation. Araújo, une des personnalités de premier plan du théâtre brésilien, est momentanément à Bruxelles où il est en pleine création, à l’invitation du Théâtre National, de son nouveau spectacle, Dire ce qu’on ne pense pas… dans des langues qu’on ne parle pas (qui sera également présenté cet été au Festival d’Avignon). Ces dernières années, Araújo a fait de plus en plus souvent le voyage entre São Paulo et Bruxelles. « La première fois, c’était dans le cadre d’Europalia en 2011. Déjà à ce moment-là, j’ai pu faire amplement connaissance avec cet endroit intrigant, grâce au bouwmeester bruxellois Olivier Bastin. Le hasard a voulu que peu après ça on me demande de participer au projet théâtral international Villes en scène/Cities on stage, et que j’ai grâce à cela pu me mettre au travail dans mais aussi avec Bruxelles ». Mais Araújo nuance tout de suite ses propos : « Ce serait un peu bizarre, et même arrogant, de venir, en tant que personne extérieure, raconter des choses sur cette ville complexe. Donc il nous a vite semblé clair que nous devions plutôt aborder le projet comme un dialogue. Dans notre spectacle, il s’agit non seulement de Bruxelles, mais aussi de la vie dans une ville comme São Paulo. Il y a aussi des influences qui se sont glissées de Paris et de Berlin, deux villes où a longtemps vécu l’auteur du texte, Bernardo Carvalho ».

Carvalho, écrivain brésilien renommé, a écrit un texte original sur base des improvisations de l’équipe mixte belgo-brésilienne. Les figures centrales sont un père et sa fille qui arrivent ensemble à Bruxelles. « Le père a vécu avant à Bruxelles, comme réfugié politique au temps de la dictature au Brésil », poursuit Araújo. « Sa fille, une économiste, est invitée ici pour une conférence. Elle veut en profiter pour emmener son père voir un docteur qui pourra peut-être le débarrasser de son aphasie. Entre-temps, dans l’agitation, ils sont séparés et se perdent. Une grande partie du spectacle montre le désarroi et la quête de la fille dans cette grande ville qu’elle ne connaît pas. En même temps, elle effectue une sorte de voyage intérieur... »

Lieu mythique
Cette errance sera aussi partagée par le public. « Cela devient une promenade théâtrale à travers les imposantes salles du bâtiment inoccupé de la Bourse », explique Araújo, qui s’est fait une réputation internationale grâce à son remarquable théâtre hors des théâtres. « La pièce commence d’ailleurs sur les marches de la Bourse, là où sont organisés de nombreuses manifestations et rassemblements du même genre. Un lieu qui est le symbole par excellence de la ‘rencontre’ dans cette ville ». Le choix de la Bourse comme « lieu de représentation » - une première pour Bruxelles d’ailleurs - a été suggéré par la thématique sous-jacente de la pièce, à savoir la crise économique et ses répercussions. « Mais il ne faut pas interpréter le concept de ‘crise’ au sens strict », explique le metteur en scène, « nous nous posons des questions sur ce qui se passe pour le moment au niveau de la société, comme l’estompage entre les idéologies de gauche et de droite, la montée du nationalisme et du conservatisme... Nous n’avons pas de réponse, je suis un homme de théâtre, pas un sociologue. Mais je me fais beaucoup de souci à ce sujet ».

DIRE CE QU’ON NE PENSE PAS… DANS DES LANGUES QU’ON NE PARLE PAS 27/5 > 7/6, 20.15, €11/16/20, Beurs/Bourse, Beursplein 1 place de la Bourse, Brussel/Bruxelles, 02-203.53.03, www.theatrenational.be

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