Benjamin Vandewalle : question de point de vue

Patrick Jordens
© Agenda Magazine
23/10/2013
(© Phile Deprez)

Comment interprétons-nous le mouvement lorsque et le contexte et notre point de vue sont manipulés de manière radicale ? Le chorégraphe et danseur Benjamin Vandewalle et ses trois « partenaires-danseurs » se penchent sur la question dans Point of View.

Ce n’est pas un spectacle de danse conventionnel, plutôt un croisement entre une performance live et une installation cinématographique. Un exercice pour regarder autrement. Benjamin Vandewalle, ancien étudiant de P.A.R.T.S., est profondément fasciné par le phénomène de la « perception » et les récents développements de la physique quantique. Dans Point of View, il conjugue danse en direct, caméras et projections. Les corps réels et virtuels s’entremêlent et forment un univers intrigant rempli de paradoxes. « Ce qu’on oublie souvent », explique Vandewallen, « c’est que nous pouvons percevoir le mouvement seulement parce que l’espace tout autour est statique. La relation à l’environnement est d’une importance cruciale. C’est intéressant de voir ce qui se passe si on fait bouger l’espace et le regard du spectateur ».

À quoi doit-on s’attendre, concrètement ?
Benjamin Vandewalle : Les danseurs bougent souvent par deux et un des deux porte constamment une caméra légère. Celle-ci est attachée à un bâton lui-même sanglé à la hauteur de la taille d’un autre danseur. En plus, le danseur manipule la caméra. Ce qui fait, par exemple, qu’on a une image où le danseur 1 est immobile, mais on dirait qu’il effectue un salto parce que le danseur 2 tourne autour avec la caméra. Les images particulières qui naissent ainsi sont projetées sur un écran.

De cette façon, vous voulez modifier la perspective du spectateur ?
Vandewalle : Effectivement. J’essaie en fait de « faire sortir les yeux du public de leurs orbites » pour les faire bouger à travers l’espace. Le mouvement même devient ainsi le point de départ de la perception. Cela crée une tout autre expérience, plus stratifiée, que dans une représentation théâtrale classique.
Est-ce qu’un dispositif avec un point de vue fixe est trop déterminant pour vous, trop univoque ?
Vandewalle : Ce n’est pas une « réaction contre », ça a plutôt à voir avec mes fascinations personnelles, comme pour les nouvelles découvertes de la physique quantique ou la théorie de la relativité. On ne peut plus revenir à l’image du monde que Newton nous a transmise. La réalité est beaucoup plus complexe que ce que nous pensons à première vue, et c’est cela que j’essaie d’explorer. Parce que la manière dont nous regardons le monde détermine aussi la manière dont nous le pensons. En permettant un autre regard, davantage multiforme, on peut expérimenter le fait que la réalité est une interprétation spécifique de toute une série d’approches possibles. Et que l’interprétation ne réside pas dans une sorte de vérité universelle, applicable dans tous les cas. Peut-être que naviguer continuellement entre différents points de vue est une alternative plus intéressante.

Nous avons surtout parlé de l’approche visuelle. Dans quelle mesure le son, la musique joue aussi un rôle dans la perception ?
Vandewalle : On a principalement travaillé avec la musique minimaliste du compositeur américain Terry Riley. C’est une musique qui renvoie à elle-même et ça rejoint bien cette danse qui se réfléchit aussi elle-même. Mais le musicien et dramaturge Alain Franco intègre également de temps en temps de la musique classique dans les sons répétitifs de Riley. Ce contraste doit secouer le spectateur. Nous essayons donc de saper régulièrement la stabilité aussi au niveau auditif.

BENJAMIN VANDEWALLE/CAMPO: POINT OF VIEW • 25 & 26/10, 20.30, €8/12/16, Kaaitheater, square Sainctelettesquare 19, Brussel/Bruxelles, 02-201.59.59, www.kaaitheater.be

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