Borgia : une drôle de famille

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
27/02/2015
(© Robin Montrau)

C’est une drôle de famille qu’on a ici sur scène. Une famille avec ses histoires, ses secrets, ses bizarreries aussi. Une famille avec des acteurs et des marionnettes qui se manipulent les uns les autres. Depuis sept ans, Jean-Michel d’Hoop et sa compagnie Point Zéro produisent des spectacles où le réel se laisse gagner par l’onirisme, où le sérieux se conjugue avec la farce et où les objets inanimés prennent vie. Dans Borgia, une comédie écrite par Thomas Gunzig, il n’est pas question de la famille la plus dépravée de la Renaissance italienne. Non, c’est juste une famille qui aime raconter des histoires et qui a envie de nous y faire croire.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur le thème de la famille ?
Jean-Michel d’Hoop : J’ai perdu ma mère il y a trois ans. À la fin de sa vie, elle avait perdu toute sa mobilité. On s’est retrouvés mon frère et moi à devoir la porter. Il y a un parallèle entre cette phase de la vie et mon travail avec les marionnettes. Sur scène, on doit tous être là pour donner de la vie à cette vieille dame, à ce vieux monsieur. C’est une belle métaphore de la famille. Une marionnette est manipulée par plusieurs personnes. On ne sait pas où ça se termine ni qui manipule qui.

Vous avez dit que la famille n’existe pas. Est-ce une réaction au retour d’un certain modèle de la famille ?
D’Hoop : Non, pas du tout. La famille comme je l’entends n’a pas de fin. Ses contours sont assez flous. Je suis quelqu’un d’assez pragmatique, mais je pense que dans nos corps, nos cerveaux, nous sommes les héritiers des générations qui nous ont précédés. C’est peut-être lié à ma propre famille qui a des origines très éclatées. J’ai une grand-mère roumaine qui nous a raconté des choses incroyables, par exemple que dans sa jeunesse elle a fréquenté des familles princières. Ce spectacle n’est pas non plus une charge contre la famille. C’est plutôt un travail de reconstruction. Je n’avais pas envie de montrer ce qui va mal mais plutôt de faire émerger ce qui est parfois plein de maladresse mais touchant. Le spectacle commence comme une histoire racontée par une grand-mère à sa petite-fille. On peut prendre le récit au premier degré ou se dire que c’est la grand-mère qui exagère ou encore que c’est la petite-fille qui s’imagine des choses en écoutant.
Quels ont été vos défis artistiques pour ce spectacle ?
D’Hoop : J’avais envie de mêler encore plus le théâtre et les marionnettes, de faire redécouvrir les acteurs avec qui je travaille régulièrement mais qui, dans les spectacles précédents, disparaissaient parfois derrière les marionnettes. Je voulais que les marionnettes soient au milieu des acteurs et que ce soit normal. Je voulais aussi me sentir très libre et que tous les acteurs puissent manipuler les marionnettes. Au début, je craignais que ça constitue un frein à l’empathie du public, mais au contraire, cette vision éclatée est un enrichissement parce que chaque acteur amène sa propre voix et sa propre dynamique au personnage.

BORGIA 5/3 > 4/4, 20.15 (zo/di/Su & 4/4: 15.00), €5 > 31, Théâtre royal du parc, Wetstraat 3 rue de la Loi, Brussel/Bruxelles, 02-505.30.30, www.theatreduparc.be

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