Compil d'Avril : Louise Vanneste en blanc et noir

Nurten Aka
© Agenda Magazine
11/04/2013
(© Stephan Balleux)

Black Milk de la danseuse-chorégraphe Louise Vanneste ouvre le festival de danse Compil d’Avril à la Raffinerie (Charleroi-Danses). Sur scène un duo féminin, une chorégraphie ultra-blanche et un principe de base : la symétrie évolutive.

La danseuse-chorégraphe Louise Vanneste ouvre l’antenne bruxelloise de Compil d’Avril, festival de danse de Charleroi/Danses (lire encadré), avec Black Milk, sa 4e création, présentée aux Brigittines. Elle nous prépare, ainsi que le titre ne le suggère pas, une œuvre « blanche ». Formée à P.A.R.T.S, Louise Vanneste est artiste en résidence à Charleroi-Danses, le Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En parallèle, elle présentera un extrait de sa première vidéo artistique, Going West, réalisée avec le vidéaste Stéphane Broc. Un road-movie à pied. « J’avais envie, dit-elle, d’une « nomade » marchant dans des paysages verdoyants, sans rencontrer personne. Cela induit un rythme, une façon de poser ses mains, son regard, son corps. Et comment filmer cela, filmer à distance des mains. C’est déjà de la danse en quelque sorte. En parallèle, comme un univers mental, quatre « sédentaires » évoluent dans un espace statique. Le film est en cours, ici je présente une installation de 20 minutes ». En attendant la fin du film, rencontre autour de sa nouvelle chorégraphie, un duo qu’elle interprète avec sa danseuse, Eveline Van Bauwel, au titre intriguant : Black Milk.

D’où vient le curieux titre, « Black Milk »?
Louise Vanneste : Du rapport noir et blanc qui me fascine. J’aimais la sonorité du mot « black » et la substance du « lait ». Un titre, venu de nulle part, et peu présent dans la chorégraphie, même si on est dans un spectacle ultra-blanc. Il correspond à un rapport « schizophrénique » que j’ai pour le tout et son contraire. Des opposés qui se mélangent ou non, se bousculent, se confrontent tout en créant une espèce d’agencement qui naît de la rencontre. Black Milk vient de là, de l’idée de mélange pour créer une unité ou, a contrario, une multiplicité…

D’où le choix d’un duo pour deux danseuses au lieu de ne choisir qu’un danseur ?
Vanneste : C’est l’idée de la dualité. Un duo dansé, c’est a priori simple et en même temps cela pose beaucoup de questions sur le plateau. Est-ce que ce sont deux mêmes personnes ? Est-ce qu’elle se ressemblent ? Sont–elles dans la confrontation ? Qu’est-ce qu’il y a dans l’entre-deux de ces danseuses ? Un mec aurait peut-être engendré un rapport de force, une idée de séduction, d’amour, qui sait ? Entre deux femmes aussi, on peut être dans ce propos. Mais avec Black Milk mon propos était ailleurs.

C’est-à-dire ?
Vanneste : Je suis partie du simple principe de la symétrie entre deux corps, entre deux femmes. Je me suis demandé ce que cela engendre . On se copie, on s’imite, on se crée un rapport en miroir, un dédoublement... On s’est très vite fait à l’asymétrie, à ces  ressemblances « dissemblables  ». J’ai voulu explorer l’espace d’ entre-deux   que cela révèle et on a cherché l’état de présence.
Cela paraît facile, dit comme ça, mais ce n’est pas évident de partir, non pas du mouvement, mais d’un état de présence, avec deux danseuses conditionnées par un principe de symétrie.

Vous dansez dans le regard l’une de l’autre ? Le regard est un défi en chorégraphie…
Vanneste : En effet. Ici, on ne se regarde jamais et on ne se touche pas. Mais il faut se voir, se sentir, s’écouter… Et à partir de là, développer sa présence individuelle, tout en restant extrêmement attentive à l’autre.

Quelle a été votre source d’inspiration pour la danse ?
Vanneste : D’abord, j’ai choisi de danser avec une danseuse qui m’a accompagnée dans mes spectacles précédents. Nous avons donc convoqué naturellement la mémoire de ces spectacles, sans pour autant créer de filiation calculée. Ensuite, je me suis nourrie d’images iconiques, de postures variées comme celles des gymnases, genre Olympia de Leni Riefenstahl, de gestes de puissance, de dictateurs, voire même d’affiches communistes, etc. Mais ces images se sont fortement érodées dans Black Milk, car on quitte vite ces premières inspirations pour aller ailleurs.

Musique, scénographie et lumière sont parties prenantes…
Vanneste : Toujours. Ici, je voulais une « île » de lumière, un paquet de blanc. La musique est électronique, avec saxophone transformé, quelques sons concrets. Une musique qui infiltre son propre sens dramatique. Cela nous permet d’aller dans un rapport décalé entre deux êtres, sans psychologie des personnes, dans une dynamique de mouvement singulier. Elles sont liées entre elles avec un début chaotique, une ouverture qui se dégage en mouvement, avant une phase de répit… Mais je vous en ai déjà trop dit.

(Photo © Thibault Gregoire)

Louise Vanneste: Black Milk • 16 & 17/4, 20.30, €8/12, Les Brigittines



MULTIPLICITÉS DANSÉES
« Le danseur dans sa multiplicité », telle est la proposition de Compil d’Avril, biennale de Charleroi-Danses. La programmation de l’antenne bruxelloise du festival regorge d’une vingtaine de propositions, présentées pour la plupart à La Raffinerie, avec quelques spectacles aux Brigittines dont Black Milk de Louise Vanneste.
(Voltar(a) © Stanislav Dobak)

Un festival transversal, entre créations et étapes de travail, qui traverse le paysage de la danse. Ainsi Erika Zueneli crée (OR)2, une « chorégraphie-portrait » à partir de deux « Olivier Renouf », l’un musicien, l’autre danseur. Catherine Diverrès propose le solo Ô Sensei, dans l’esprit du butô, cette danse japonaise née sur les décombres des bombes atomiques. Citons encore Voltar(a), un duo sur « la boucle de la vie » de Renan Martin de Oliveira et, côté performance, l’intrigante « Gonzo conférence » de Fanny de Chaillé. Dans Dancesmith, 2ème opus, de Cynthia Loemij (Rosas), les danseurs vont progressivement se désynchroniser, à partir d’une boucle de 20”, inspirée du Nu descendant l’escalier de Marcel Duchamp.

COMPIL D’AVRIL • 16 > 21/4, LES BRIGITTINES, Korte Brigittinenstraat 1 Petite rue des Brigittines, Brussel/Bruxelles & LA RAFFINERIE, rue de Manchesterstraat 21, Molenbeek, 071-20.56.40, www.charleroi-danses.be

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