Fahem Abes : un Belge exotique

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
25/11/2013
Pour trouver ce qui rassemble les peuples et les cultures, pourquoi ne pas laisser parler les contes et les légendes ? C’est ce qu’a fait le conteur Fahem Abes, Belge d’origine kabyle, né à Binche un dimanche de carnaval. Seul en scène avec son corps, sa voix et un ukulélé, ce comédien formé à l’école Lassaâd emmène le public dans un itinéraire qui rassemble l’imaginaire de la Kabylie et des montagnards du Djurjura et celui de la Wallonie picarde, de la Belgique et du nord de la France.

Au-delà de nos différences supposées, avons-nous un imaginaire commun ?
Fahem Abes : Oui, c’est ce qui m’est apparu en comparant les histoires qui me venaient de la tradition familiale avec les contes et légendes que j’ai entendus à l’école maternelle et puis lus dans les livres empruntés à la bibliothèque. Warzen, l’ogre kabyle, n’est pas très différent de l’ogre dans Le Petit Poucet. L’histoire de saint Georges, le tueur de dragon, ressemble étrangement à celle de Laafa, le dragon femelle à sept têtes des contes de Kabylie.

De quoi avez vous nourri ce spectacle ?
Abes : Pour l’histoire générale qui structure le récit, je me suis inspiré d’un des derniers contes que mon père m’a raconté quelques mois avant sa mort et que j’ai enregistré. C’est l’histoire d’un homme qui rencontre son ombre, derrière laquelle se cache le diable. C’est toute l’histoire de la rencontre avec ce qui est étranger à soi-même pour finalement se rendre compte que l’exotisme, c’est toujours un miroir. C’était important pour moi de raconter cette histoire qui est aussi un conte fondateur en Occident. À travers cet héritage que m’a laissé mon père, je pouvais renouer avec la culture du pays où je suis né. Quand ma mère venait à la maison, on se racontait des histoires. Les histoires de l’un réveillaient les souvenirs de l’autre et les devinettes d’un troisième. Aujourd’hui, c’est devenu mon métier et je peux mettre mon expérience de comédien au service de mon travail de 
conteur.

Quelle est pour vous la pertinence du conte aujourd’hui ?
Abes : Dans la tradition, les contes n’ont pas une fonction de divertissement mais d’équilibre social. Ils ouvrent des portes pour préparer l’auditoire à la rencontre avec ce qui est autre. Raconter Le Chat Botté ou Barbe bleue, c’est une manière de rendre humain ce qui est inhumain en apportant des réponses sans référent social ou religieux et ainsi retrouver un équilibre et un calme avec soi-même. Aujourd’hui, on assiste dans le monde francophone à un extraordinaire renouveau du conte. Le conte a une faculté inégalable pour lier les gens entre eux et créer une énergie positive qui nous rend plus sensibles. Si je suis invité dans un appartement à Bruxelles devant 20 personnes ou si je me produis devant 200 personnes à un festival au Québec, c’est la même magie de la parole qui fait du bien. Et on n’est pas dans la nostalgie mais dans la modernité.

UN BELGE EXOTIQUE 28/11 > 14/12, do/je/Th > za/sa/Sa 20.30, €10/14, Théâtre de la Clarencière, rue du Belvédèrestraat 20, Elsene/Ixelles, 02-640.46.76, www.laclarenciere.be

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