Going Home: c’est quoi "chez soi" ?

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
30/01/2015
(© Emilie Jonet)

Jusqu’où peut-on aller pour retrouver les siens ? C’est une des questions que pose Going Home. Basé sur des faits réels, ce spectacle écrit et mis en scène par Vincent Hennebicq (Parasites, Heroes (just for one day)) suit le parcours hors normes de Michalak, jeune Africain abandonné et adopté en Autriche, interprété par le comédien rwandais Dorcy Rugamba (Rwanda 94, Bloody Niggers!). Un parcours qui le mène jusqu’à un village reculé d’Éthiopie, lieu de sa rédemption. Mais le passé le rattrape, Michalak est arrêté et renvoyé de force en Europe. Qu’est-il prêt à faire pour rentrer chez lui ? Rencontre avec le metteur en scène et l’acteur de ce seul en scène « soutenu » par deux comédiens-musiciens (Vincent Cahay et François Sauveur) qui accompagnent en live le récit en entremêlant guitare, violon, batterie, clavier et une loop station pour multiplier les couches musicales.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette histoire vraie ?
Vincent Hennebicq : Ce qui me fascinait, c’est que, dans mon imaginaire, l’Éthiopie était un pays plutôt lié aux famines, à la guerre alors que le personnage du récit trouve là-bas son foyer, son chez-soi. Quand j’ai voulu en savoir plus sur l’Éthiopie, j’ai commencé par regarder sur Google et Wikipédia et je me suis vite rendu compte que les paysages étaient absolument somptueux. C’est pour aller à l’encontre de mes propres clichés que je suis allé sur place et que j’intègre dans le spectacle des vidéos tournées là-bas. Ce qui est aussi intéressant, c’est que l’Éthiopie est un pays qui n’a jamais été colonisé, à part les cinq ans de domination par l’Italie sous Mussolini.
Dorcy Rugamba : C’est un pays très ancien, millénaire, avec une très grande culture et qui a toujours fasciné les Africains. Les rastas se réfèrent à l’Éthiopie comme à la terre promise. C’est un pays intéressant visuellement, gustativement, musicalement... Le spectacle aborde ces différents aspects sensuels de l’Éthiopie : les odeurs, la nourriture, le toucher... Mais c’est aussi un pays bourré de contradictions, très grand, avec beaucoup de ressources mais qui a connu la famine, une dictature communiste...

Est-ce qu’il y a des points communs entre l’histoire de Michalak et votre propre parcours ?
Rugamba : Going Home pose, de façon philosophique, une très belle question par rapport aux identités: Qui on est ? D’où est-ce qu’on est ? C’est quoi « chez soi » ? Moi j’ai grandi au Rwanda, un pays qui est intrinsèquement lié à moi-même : c’est toute ma jeunesse, c’est ma langue maternelle. Mais c’est ici, en Belgique que j’ai construit ma famille. Si on me disait un jour que je devais retourner au Rwanda en laissant ma femme et mes enfants ici, ce serait totalement impossible donc je comprends le drame du personnage : l’Éthiopie n’est pas son pays d’origine ou de sang, mais c’est là qu’il s’est intégré, qu’il est devenu autre chose qu’un « bras cassé », c’est là qu’il a fondé une famille et il en arrive à la conclusion qu’il doit braquer une banque pour pouvoir y retourner. C’est une pièce qui est au-delà de la dénonciation. C’est une parabole sur une forme de rédemption.
Hennebicq : Alors que ça semblait plutôt mal barré et que le personnage traverse beaucoup d’épreuves, c’est une histoire qui finit bien.

GOING HOME 3 > 7 & 10 > 14/2, 20.30 (wo/me/we: 19.30), €10/15/19, Théâtre National, boulevard E. Jacqmainlaan 111, Brussel/Bruxelles, 02-203.53.03, www.theatrenational.be

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