Happy Slapping : quand les ados dérapent

Nurten Aka
© Agenda Magazine
01/11/2012

Pièce d’époque, Happy Slapping plonge dans les jeux pervers d’adolescents qui filment leur violence pour le fun et la toile. Une écriture fictionnelle de Thierry Janssen, une mise en scène couleur « cyberpunk » d’Alexandre Drouet et un casting de très jeunes comédiens.

Happy Slapping ou la dégringolade d’une bande d’ados sous pseudo : Spielberg, Lucas, Coppola et Scorsese ! Sachez que l’histoire finit mal. Au-delà du phénomène du happy slapping - ces jeunes qui se filment giflant des inconnus dans la rue -, la pièce raconte le désarroi d’une jeunesse en perte de repères. Sensible au sujet, Alexandre Drouet est un metteur en scène de 31 ans qui donne des cours de théâtre depuis quelques années à des adolescents, avec lesquels il interroge l’époque et leurs mondes (virtuels). Happy Slapping n’est donc pas un one shot sorti de nulle part.

Pourquoi Happy Slapping de Thierry Janssen ?
Alexandre Drouet : J’étais interpellé par le phénomène du happy slapping, qui consiste à agresser des inconnus, à les filmer avec son GSM pour poster la vidéo sur internet. Et se marrer avec ça ! Thierry Janssen écrivait justement une pièce là-dessus, qui regroupait les thèmes que je voulais aborder : le malaise des adolescents, la perte des repères, l’utilisation omniprésente de la vidéo, leur rapport à la pornographie sur internet, etc. Tout se retrouve dans la pièce à travers l’histoire de ces quatre adolescents qui dérapent…

Est-ce une pièce violente d’ados, où l’on va se gifler-filmer en continu? 
Drouet : Non. La pièce est assez violente dans son histoire, mais je n’ai pas envie de choquer les spectateurs qui retiendraient la forme et oublieraient le fond. La violence est mise en scène par la suggestion et la distance des vidéos. Le reste est sobre. Car le happy slapping n’est qu’un thème de la pièce. Le spectacle dessine le malaise de quatre ados à travers leurs parcours. Il tente aussi d’interroger notre rapport à l’image. Cette façon voyeuriste, déshumanisée, de regarder des vidéos extrêmement violentes sur le net.

Le malaise s’installe ?
Drouet : Clairement. Parce que le rapport aux valeurs, de bien et de mal, se trouble dans la pièce.

Vos comédiens sont très jeunes.
Drouet : Entre 20 et 23 ans. J’ai évité les trentenaires en me rapprochant au plus près de l’âge ado, avec ces comédiens jeunes qui ont connu ce monde adolescent, sans que cela soit tout à fait réglé pour eux. Un défi de jeu aussi, parce qu’ils jouent souvent en synchronisation avec les vidéos du spectacle, ce qui demande une direction d’acteurs précise.
La scénographie est minimale?
Drouet : Il y a peu d’accessoires sur scène : des caméras, une webcam, des GSM. La scénographie part d’un univers visuel inspiré du cyberpunk avec un décor de métal et de rouille, de « fin de monde », avec des vieilles télés cassées, des costumes réalistes mais monochromes.

Et la musique ?
Drouet : J’ai utilisé les chansons que Marylin Manson a écrites après le massacre de Columbine, où on l’avait accusé d’être l’inspirateur des tueurs. Mais globalement, c’est un univers sonore plus esthétique que réaliste par rapport à ce que ces jeunes écoutent. Il n’y pas de Lady Gaga à fond ou du faux sang, etc. C’est un spectacle où il n’y pas de sensationnalisme qui éviterait d’entendre le fond de l’histoire et de se poser des questions sur notre époque.

Happy Slapping • 6 > 10, 13 > 17 & 20 > 24/11, 20.30, €8 > 18, Atelier 210, Sint-Pieterssteenweg 210 chaussée Saint-Pierre, Etterbeek, 02-732.25.98, www.atelier210.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Podium

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni