Hot House : des cinglés chez les cinglés

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
18/01/2014
Dans Hot House, le Britannique Harold Pinter ouvre les portes d’une drôle d’institution où les résidents portent des numéros, balayée par une tragicomédie noire dont personne ne sort indemne. Le soir de Noël, le directeur et son équipe doivent faire face à des rumeurs de meurtre et de viol. Il s’agit de trouver les responsables. Un certain désordre s’installe. Pièce sur les lourdeurs de la bureaucratie et sur les stratégies de pouvoir et de domination, c’est la rencontre de Kafka et des Monty Python, sous l’œil d’Edgar Allan Poe. Familier de l’œuvre du dramaturge anglais, le metteur en scène Marcel Delval s’est emparé de Hot House avec une évidente jubilation.

On a écrit que Hot House occupait une place un peu à part dans le répertoire de Pinter.
Marcel Delval : C’est un texte qui présente toutes les caractéristiques de Pinter. Il peut être politique, comique et absurde. C’est pluri-dimensionnel. Certaines de ses pièces, comme Trahison, sont mieux construites et Hot House est plus fantaisiste. Si Pinter est anglais, il est aussi d’origine juive. On retrouve dans Hot House l’angoisse de Kafka, mais aussi quelque chose de la folie douce de Un poisson nommé Wanda. On est toujours sur le fil du rasoir, on peut facilement tomber d’un côté comme de l’autre. C’est une pièce labyrinthique, dans la pensée comme dans le décor, qui tient le spectateur en haleine. On est proche de Ionesco ou de Beckett, qui ont écrit de grandes pièces à la même époque. Hot House aurait pu s’appeler Nut House ou Mad House tant elle nous montre une bande de cinglés chez les cinglés.

Pour les décors et les costumes, vous n’avez pas cherché à moderniser ?
Delval : Je me suis clairement inscrit dans la fin des années 50, l’époque où la pièce a été écrite. Elle peut nous parler d’aujourd’hui, mais c’est au spectateur d’en tirer les résonances actuelles. Il y a des références au film Brazil de Terry Gilliam, mais il y a aussi du Kafka. Le décor est très carcéral. Pour moi, ça se passe dans un hôpital-prison où il y a eu des failles et des dysfonctionnements dont les résidents font les frais et que l’administration essaie de gérer. On pourrait aussi être dans un asile ou un camp de prisonniers agité par une révolte. On est dans une marmite qui déborde.

Comment avez-vous abordé la distribution ?
Delval : L’écriture de Pinter est très précise, c’est comme une partition. Dans ses autres pièces, les personnages peuvent être joués par une gamme de comédiens assez large, Ici ce n’est pas le cas. J’avais une vision très claire des personnages et j’ai pris presque uniquement des comédiens avec qui j’avais déjà travaillé. Pinter n’est pas seulement un auteur, il a été acteur et metteur en scène. Il sait ce qu’est le jeu théâtral. Il soigne les interactions entre les personnages. En fonction des scènes, il fait émerger des duos ou des trios. Pinter ne se contente pas d’un texte bien écrit, beau et poétique, il écrit des partitions qui sont un plaisir pour les comédiens. On joue et on s’amuse. Et il vous pousse tout le temps à être plus précis.

HOT HOUSE 21/1 > 8/2, 20.30 (wo/me/We: 19.30), €10/12/17, Théâtre Varia, Scepterstraat 78 rue du Sceptre, Elsene/Ixelles, 02-640.82.58, www.varia.be

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