J'aurais voulu être égyptien : du Caire à Chicago

Gabriel Hahn
© Agenda Magazine
22/11/2012
(© Pascal Victor)

Avec J’aurais voulu être égyptien, Jean-Louis Martinelli adapte un texte sensible de l’écrivain Alaa El Aswany. Une pièce qui, en partant de l’immigration égyptienne, évoque l’exil en général et annonce un peu avant l’heure les soulèvements de la place Tahrir.

Touché par les textes d’Alaa El Aswany, le metteur en scène français Jean-Louis Martinelli a eu envie de l’adapter à la scène. Il apprécie « ce travail de romancier avec une population qu’il met en jeu sans manichéisme. Ces êtres aux prises avec un système qui les broie ». Après avoir découvert l’auteur avec L’immeuble Yacoubian, Martinelli a ensuite lu le recueil de nouvelles J’aurais voulu être égyptien et le roman Chicago. « J’ai eu le désir de travailler sur Chicago. Dans L’immeuble Yacoubian, l’action se passe exclusivement au Caire et j’avais des difficultés à m’y situer. Avec Chicago, on se trouve au sein de la Faculté de médecine de Chicago, avec le face-à-face États-Unis/Égypte. Cette confrontation entre l’Occident et le monde arabe m’intéressait davantage car elle fait écho à la composition de la société française. Au-delà de l’Égypte, ce roman me touche car c’est le roman de toutes les immigrations ».

Vous avez choisi Chicago, mais vous lui apposez le titre d’un recueil de nouvelles.
Jean-Louis Martinelli : Comme on présentait ce spectacle après les révolutions du Printemps arabe, c’était joyeux de placarder dans les couloirs du métro des affiches mentionnant « J’aurais voulu être égyptien » car il y a une forme d’admiration, en tout cas de ma part, pour ce soulèvement, pour le courage dont ces gens ont fait preuve.

Pour résumer le propos, peut-on parler de couples issus de la diaspora égyptienne de Chicago confrontés à la douleur de l’exil, aux questionnements religieux, politiques...
Martinelli : Bien sûr, et en même temps à toutes les questions que se pose un immigré, un exilé. Il y a un certain choc des cultures, mais surtout une volonté de changement qui les anime. C’est un roman d’avant la révolution égyptienne, annonciateur des mouvements de la place Tahrir.

L’immigration est-elle le prisme idéal pour entrevoir l’exacerbation identitaire des personnages ?
Martinelli : On s’intéresse aux destins singuliers de ceux qui sont désignés comme personnages pour le spectateur. C’est cette humanité et cette diversité qu’il faut mettre en jeu.
(© Pascal Victor)

L’actualité vous a fait accélérer le projet ?
Martinelli : Non, c’était déjà décidé, cela n’a fait que le rendre plus nécessaire. Je rentre d’Égypte, où nous avons joué deux fois au Caire et une fois à Alexandrie. C’était extraordinaire. De façon étonnante et chaleureuse, avec un public très divers, on a eu l’impression de ne plus être totalement dans la fiction. Il y avait dans la salle les mêmes personnages que ceux sur scène. Cela venait objectiver le propos.

Vous alternez narration et incarnation. Quel sens donnez-vous à cet aller-retour permanent ?
Martinelli : C’est comme si on conviait les spectateurs à une lecture. C’est rendre sensible le phénomène de la lecture. Je voulais rendre ce mouvement de rentrée/sortie dans l’espace littéraire. Le décor est presque une salle de répétition : avec une grande table où les acteurs se retrouvent, des canapés, une table de maquillage, une arrière scène qui s’anime et se transforme à la fin en arrière-plan qui donne l’impression d’être à Chicago.

J’aurais voulu être égyptien • 23 & 24/11, 20.00, €20, Paleis voor Schone Kunsten/Palais des Beaux-Arts, rue Ravensteinstraat 23, Brussel/Bruxelles, 02-507.82.00, info@bozar.be, www.bozar.be

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