Karine Ponties: métamorphoses intimes

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
14/02/2014

Karine Ponties entame une résidence au Théâtre de la Vie qui se décline en courts solos. Dans Babil, Eric Domeneghetty s’inspire de la figure de l’épouvantail pour partir à la conquête de la parole et de la verticalité. Avec Soi, Karine Ponties demande à son corps, dédoublé en argile, comment être elle-même. Inspirée par l’intimité de l’espace aux dimensions réduites du Théâtre de la Vie, la chorégraphe Karine Ponties travaille des formes où les gestes amples sont bannis au profit d’une expression intériorisée. Elle propose une soirée composée de deux solos.

Vous avez écrit Babil pour Eric Domeneghetty. Écrire un solo pour un danseur, est-ce un exercice particulier ?
Karine Ponties : C’est un solo mais c’est aussi un travail d’équipe. Avec l’interprète, bien sûr, mais aussi avec David Monceau et Guillaume Fromentin, que j’ai associés dès le début, le premier pour la musique et le second pour la lumière. On travaille ensemble dans la recherche et la réflexion, ce qui est très riche. Le spectacle tourne autour de la naissance de la parole et de la naissance d’un corps qui ne veut pas s’arrêter de naître. Il est habité par la figure de l’épouvantail, ce soldat de l’effroi qui n’a jamais effrayé personne. Être à l’abandon et dans l’abandon, l’épouvantail se remet sur pied et disparaît en poussière.

Votre propre solo, Soi, est-il à l’image de son titre, une exploration de l’intime ?
Ponties : C’est pour moi un retour sur le plateau. Depuis six ou sept ans, je n’avais plus dansé. Au début, le projet a été initié avec un auteur qui devait apparaître avec moi, mais il a perdu courage et est parti au milieu du projet. Seule, j’ai voulu explorer l’identité et l’intime. Très tôt dans le projet, il y avait l’idée d’apporter de la terre sur le plateau, comme si elle matérialisait la pensée. L’argile renvoie à l’image du golem. C’est aussi le corps de la poterie où la matière se transforme tout le temps. Le corps est actif et la terre est la pensée. Le tour de potier accentue l’idée de la révolution vue comme une évolution, pas comme une rupture. C’est complexe et très simple en même temps. C’est un retour sur soi, comme si on se donnait la vie.

Comment abordez-vous votre retour à la danse grâce à ce solo ?
Ponties : Sur le plateau, c’est un combat. J’ai vieilli, j’ai changé, donc je fais avec ce que je suis maintenant. Il faut que je trouve la joie en acceptant le changement. Dans le passé, j’ai toujours privilégié des spectacles très physiques. Ici, je fais confiance à la simplicité et avec la terre, c’est presque un duo. On passe par une succession d’états irréversibles. On est dans la métamorphose, ce qui rejoint mon intérêt pour l’animation ou les marionnettes. On change et on disparaît sous une autre forme. C’est le temps d’une vie ramenée à un instant.

KARINE PONTIES: SOLOS • 18/2 > 1/3, di/ma/Tu > za/sa/Sa 20.00, €8/12, Théâtre de la Vie, Dwarsstraat 45 rue Traversière, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-219.60.06, www.theatredelavie.be

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