La Compagnie Tête d'Enfant: Me, Myself & Us

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
05/06/2013
Dans leur premier spectacle, les trois Français de la compagnie Tête d’Enfant proposent un dynamique mélange des genres. Maîtrisant parfaitement les techniques du cirque, ils laissent une place à la spontanéité pour créer un intense portrait de groupe.

Formés à l’École Nationale de Cirque de Montréal, les Français Naël Jammal, Guillaume Biron et Florent Lestage mélangent la jonglerie, le trapèze et le clown en alliant la spontanéité de l’enfance à la maîtrise des techniques de cirque. Me, Myself & Us, leur premier spectacle, explore la rencontre et la complicité de trois hommes jonglant avec les objets et les sentiments.

Quand on fait du cirque, la référence à l’enfance est-elle une évidence ?
Florent Lestage : Le nom de la compagnie est inspiré d’une phrase du film Les enfants du paradis : « Tant de poussière dans une tête d’enfant ». On aime bien cette contradiction entre la candeur de l’enfance et la poussière du temps. On veut garder cette innocence malgré qu’on sait qu’il y a dans le monde beaucoup de choses qui grincent et qui roulent carré. On n’a pas envie pour autant d’être des Bisounours. Entre eux, les enfants peuvent être méchants et violents sans que ce soit prémédité. Ce qui nous intéresse, c’est la force des émotions quand ils s’expriment, c’est aussi quelque chose qu’on a envie de transmettre.

Votre premier spectacle est en auto-production, c’était ça ou rien ?
Lestage : On a tourné pendant trois ans avec la troupe québécoise Les 7 Doigts de la Main, ce qui nous a permis d’accumuler une bonne expérience de la piste. Avec l’argent mis de côté, on a pu travailler 4 mois pour préparer le spectacle. C’est un cadeau qu’on se fait. On a envie de prendre ce risque. On sait que, si ça rate, on a assez d’expérience et de réseaux pour retomber sur nos pattes. C’est le genre de pari qui nous fait nous sentir vivants et c’est aussi pour ça qu’on fait ce boulot, pour ne pas vivre dans le confort. Inconsciemment, ce sentiment de survie qui nous porte a sûrement influencé notre travail.

Vous avez chacun votre discipline de prédilection. Pour vous, c’est la jonglerie. Pourquoi vous fascine-t-elle ?
Lestage : Ce qui me plaît, c’est quand la technique s’efface pour donner vie aux objets. J’ai développé des numéros de jonglerie avec des cannes que je poursuis dans ce spectacle. Les gens aiment beaucoup quand on détourne des objets de tous les jours. Ça impressionne toujours. C’est très gai d’arriver à surprendre les gens pour les amener ailleurs à partir d’une idée toute simple.

Devant le jongleur ou le trapéziste, le spectateur attend-il inconsciemment le faux pas ?
Lestage : Dans toutes les disciplines de cirque, le risque est là, on peut louper son coup. J’essaie de jouer avec ça. Je ne vais pas chercher à cacher qu’une de mes massues pourrait tomber. Les numéros conservent une certaine fébrilité, c’est humain, même si le but, c’est de maîtriser les choses et de faire de chaque spectacle quelque chose d’intéressant, comme un chaos organisé.
La musique est très présente dans ce spectacle...
Lestage : On lance nous-mêmes la musique sur scène et on ne le cache pas. C’est un des outils d’improvisation. Dans notre génération, la musique accompagne les gestes du quotidien. Elle nous permet de mélanger les codes puisqu’on passe des Nocturnes de Chopin au Fortunate Son de Creedence Clearwater Revival. La musique est un quatrième personnage qui nous permet de souligner l’action ou d’en prendre le contre-pied. Quand je fais de la jonglerie sur Chopin, je ne suis pas détendu mais au contraire très énervé.

Me, Myself & Us • 7 & 8/6, 20.30, 9/6, 16.00, €8/10/14, Espace Delvaux, rue Gratèsstraat 3, Watermaal-Bosvoorde/Watermael-Boitsfort, 02-672.14.39, www.lavenerie.be

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