« La connerie est nécessaire »

Nurten Aka
© Agenda Magazine
13/04/2012
(© Luna Bretzel)

Le collectif bruxellois Transquinquennal s’aventure rarement dans une pièce de théâtre existante. C’est ici le cas avec un texte inédit chez nous, La Estupidez/La Connerie de Rafael Spregelburd, homme de théâtre argentin qui s’est inspiré des Sept péchés capitaux peints par Jérôme Bosch.

Rafael Spregelburd s’est lancé en 1996 dans une série de sept pièces indépendantes où les péchés sont revus et corrigés pour notre époque : la paresse devient La Panique, l’orgueil La Modestie, la colère L’Entêtement, etc. Pour la première fois, ses pièces sont à l’affiche en Belgique. Le Théâtre de la Place, à Liège, accueille La Paranoïa (la gourmandise) par Marcial Di Fonzo Bo et a proposé au collectif bruxellois Transquinquennal La Estupidez, qui correspond à l’avarice. La Connerie se déroule dans une chambre de motel où passent des gens très agités (des flics, des escrocs, des mafieux, des couples…). Comédie, sitcom, mélodrame, soap et road-movie : les pièces de Spregelburd, touffues et démesurées, foncent dans des écritures et des formes très virtuoses.

Pourquoi La Estupidez?
Transquinquennal: Avec des codes fictionnels classiques, la pièce rejoint nos préoccupations sur le rôle de la fiction, en utilisant les codes du théâtre à fond… pour en montrer l’inanité. On s’est dit que nous irions là où on ne nous attend pas : le théâtre « normal » avec une histoire, des personnages, des costumes, etc.
Transquinquennal dans du théâtre «normal»? Vous abandonnez la distanciation?
Transquinquennal: Justement, on va encore surprendre. La distanciation n’est pas là où on la place d’habitude. C’est le regard porté sur l’histoire qui introduit une distanciation dans le spectacle. Des gens sont pris dans un certain niveau de bêtise. On les observe par le bout de la lorgnette, ce qui rend compte de l’extrême bêtise de la vie que l’on mène tous…
Comment raconteriez-vous La Estupidez?
Transquinquennal: Ce n’est pas racontable. Il y a cinq histoires - avec 5 comédiens pour 25 personnages - mais aucune n’a vraiment d’importance. C’est un défilé assez fou, avec des histoires simultanées, des scènes juxtaposées, qui a tous les ingrédients d’un soap.
C’est une pièce ardue?
Transquinquennal: Il faut toujours aller chercher sous le texte, au-delà du premier degré. Au fur et à mesure que se déroule la situation, plusieurs couches apparaissent. On comprend ce qui se passe réellement sans qu’il y ait besoin de l’expliquer. C’est aussi notre option dramaturgique : avancer masqué. La pièce possède une sorte d’étrangeté et de bizarrerie qui correspond à une vision du monde où la connerie est nécessaire. C’est la connerie qui fait que l’intelligence peut exister.
Comment abordez-vous les personnages?
Transquinquennal: Aucun de nous ne reçoit d’indications de jeu. On ne joue pas sur les codes traditionnels. Comme toujours, nous faisons appel à l’intelligence du spectateur plutôt qu’à son sens de la fiction, à son plaisir d’entendre une histoire. On vit dans un monde fait d’« histoires » auxquelles on croit (ou non), dans une espèce de storytelling permanent. Il est bon de le rappeler de temps en temps…
(© Mirjam Devriendt)

La Estupidez
17 > 21/4 • 20.30, €5/7,50/10 (21/4, 16.00: rencontre avec l’auteur), FR + NL ondertitels
Théâtre Les Tanneurs Huidevettersstraat 75 rue des Tanneurs, Brussel/Bruxelles,
02-512.17.84, reservation@lestanneurs.be, www.lestanneurs.be

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