En portant à la scène un texte du belge Stanislas Cotton (Bureau national des Allogènes, Le sourire de Sagamore) le metteur en scène Georges Lini s’empare à nouveau d’un sujet fort : l’horreur de l’inceste. Mais ici la crudité des faits se dérobe sous les lampions d’un chapiteau de cirque. Il suffit de pousser la porte d’un immeuble par un soir de pluie pour basculer de l’autre côté du miroir. Dans ce surprenant huis clos à trois personnages, les escaliers ne mènent pas où l’on croit et certainement pas à la vérité.

Qu’est-ce qui vous a poussé à monter cette pièce ?
Georges Lini : La forme autant que le fond. Le sujet, c’est l’inceste avec un angle de vue très particulier. Beaucoup de pièces et de films ont déjà abordé le sujet. Avec une pièce réaliste, ce serait terrible, mais l’auteur a évité de se laisser écraser par le sujet grâce à un procédé original et métaphorique. Il nous dévoile 8/10 de ce qu’il pense et laisse les 2/10 restants à l’imaginaire du spectateur. C’est efficace et suggestif. C’est ce que j’aime au théâtre : quand je peux confier au spectateur une partie du travail et du plaisir de la narration.

Quand vous lisiez, aviez-vous des images ou des scènes qui s’imposaient à vous ?
Lini : Quand un texte me parle, je vois une forme s’élaborer, des comédiens incarner les personnages. Des idées de mise en scène me viennent avec des décors et des costumes. Quand tout cela se met en place, c’est bon signe. Pour le personnage de Bobby Dick, j’ai très vite pensé à Philippe Jeusette. Ce qui est amusant, c’est que Stanislas Cotton m’a confié par la suite qu’il avait justement pensé à lui en écrivant le rôle.

Vous prônez un théâtre qui ne laisse pas indifférent. Derrière les lampions, ce sont toujours les dysfonctionnements de la société que vous remuez ?
Lini : Dans la plupart de mes spectacles, je me suis intéressé à la cellule familiale. Ici, j’ai resserré mon prisme pour essayer de comprendre le fonctionnement de l’individu et ce qu’il est prêt à faire pour assouvir ses désirs. Je témoigne, mais je ne dénonce rien. Je laisse le spectateur faire le travail. Je ne dénonce pas l’inceste, je dis : « Regardez, ça existe, qu’est-ce que vous en faites ? »

Votre théâtre a surtout exploré des univers et des mises en scène assez réalistes, comment avez vous abordé ce changement de tonalité ?
Lini : C’est en effet une forme inédite pour moi. Je suis parti de la scénographie où le décor devient un outil de jeu pour les acteurs. Ici, le décor, les costumes, le travail sonore et les lumières se mettent au service du texte pour créer un univers particulier en équilibre entre le cauchemar et le merveilleux. Pour autant, la forme ne prend jamais le pas sur le propos. C’est un texte très bien écrit, avec une histoire très lisible. À mon travail préalable s’ajoutent celui de mes collaborateurs et celui des acteurs sur le plateau.

Aimez-vous travailler chaque fois avec la même équipe ?
Lini : Pour la lumière et le son, je m’entoure toujours des mêmes personnes. Pour la scénographie, j’élargis un peu le cercle parce que j’aime changer d’univers pour ne pas m’installer dans une routine. C’est la première fois que je collabore avec Ronald Beurms. C’est quelqu’un qui travaille le fer et le bois. C’est un terrien qui aime détourner les matériaux de leur fonction primaire, comme dans une fable.

La Gêne du clown 19/3 > 5/4, di/ma/Tu & 29/3: 19.00, wo/me/We > za/sa/Sa: 20.15, 23 & 30/3: 16.00, €9 > 16,50, Théâtre de la place des Martyrs, Martelaarsplein 22 place des Martyrs, Brussel/Bruxelles, 02-223.32.08, www.theatredesmartyrs.be

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