Late Night : valse sur les ruines de la Grèce

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
06/02/2014
Les artistes grecs du Blitz Theatre Group débarquent à Bozar avec Late Night, un spectacle poétique et burlesque pour évoquer la crise qui frappe l’Europe. Une des rares créations théâtrales grecques alors que le Péloponnèse reste au bord du gouffre.

Comme un manifeste, le nom de la compagnie, Blitz Theatre Group, fait référence à la vie que les bombardements allemands sur Londres n’ont jamais réussi à éteindre. D’ailleurs, la pièce Late Night prend place au milieu de gravas qu’on aurait balayés à la hâte pour installer un tapis de fête. Une vieille sono, quelques chaises et le thé dansant peut continuer sous les bombes. Six personnages valsent sans relâche, interrompus seulement par leurs confidences au micro, énigmatiques souvenirs d’un temps heureux, avant la catastrophe, d’amants perdus, d’une guerre qui déchire le continent. La crise économique et politique de la Grèce, mais aussi de l’Europe, se lit entre les lignes car ces artistes grecs préfèrent la poésie à la sinistrose.

D’où vient ce titre, Late Night, « Fin de soirée » ?
Christos Passalis : Pour nous, « Late Night » représente l’heure contre-productive de la journée, quand les gens en ont terminé avec leurs préoccupations quotidiennes et qu’ils sont plus ouverts à l’imprévu, plus réceptifs. Une heure où ils essaient de se souvenir ou d’oublier. Danser, boire, raconter des histoires. Nous pensions aussi que ce titre était adapté à la description d’une situation actuelle en Grèce et en Europe.

Pourquoi faire valser vos personnages au milieu de la catastrophe ?
Passalis : La valse symbolise l’Europe, et l’ambiance avant la Première Guerre mondiale à Vienne, le sommet de la culture européenne, juste avant ou au milieu de la catastrophe. On voulait une danse qui ne soit ni une party dance ni une danse ultra contemporaine, mais qui mélange les époques, tout en étant caractéristique de l’Europe. Dans Late Night, le spectateur pense que l’intrigue se passe dans le passé, mais il réalise ensuite qu’il s’agit aussi d’un futur possible.


Est-ce que la culture permet de survivre ? Êtes-vous optimistes ?
Passalis : Nous sommes partagés à propos de l’art. Notre côté cynique nous rappelle que l’art n’a jamais rien changé. Dans une certaine mesure, il peut apparaître comme un luxe dont personne ne se soucie. Notre côté romantique, qui finit habituellement par l’emporter, nous dit qu’il faut continuer d’essayer même si c’est une cause perdue. Late Night est notre pièce la plus sentimentale. On pourrait même la décrire comme un mélodrame, réalisé pendant la période la plus critique et la plus violente qu’ait connue la Grèce moderne. Pendant que nous l’écrivions et que nous la mettions en scène, nous étions convaincus - et nous le sommes encore - qu’en de tels moments, l’art nous console. Il nous rappelle ce qu’est vraiment la vie et les questions existentielles. C’est l’art qui nous fait avancer et par-dessus tout, il remémore la beauté et l’importance de cette aventure d’être en vie et d’être amoureux. Attention, nous ne sommes pas naïfs : nous avons grandi sans croire en la politique, tout comme nos amis, car le système était corrompu depuis 
longtemps.

LATE NIGHT 7 & 8/2, 20.30, €14/18, Bozar, rue Ravensteinstraat 23, Brussel/Bruxelles, 02-507.82.00, www.bozar.be

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