La Maison du Conte de Bruxelles fête ses dix ans et lance à cette occasion son projet Voix de traverse, une aventure européenne autour de la mémoire collective, fruit d’un long travail sur la tradition populaire orale. « C’est une initiative de conteurs, un projet à mi-chemin entre le rapport avec le collectif, la défense du métier de conteur, tourné vers les créations artistiques des conteurs belges comme étrangers », souligne Magali Mineur, co-directrice de la Maison du Conte (en photo ci-dessus, avec Soufian El Boubsi).
Qu’est-ce qui domine après dix ans ? De la fierté, du bonheur, l’envie d’aller plus loin ?
Magali Mineur : Du bonheur certainement, même si les choses n’ont pas toujours été simples. Il y a eu beaucoup d’obstacles, mais je retiens les commentaires positifs des personnes avec qui nous travaillons et la satisfaction de voir que ce lieu est devenu incontournable. Le réseau international que l’on tisse et la reconnaissance des institutions sont aussi un grand bonheur. Nos initiatives comme la Fédération professionnelle des conteurs commencent à devenir solides et montrent que ce travail a toute sa place dans les milieux culturels traditionnels.
Un moment particulier reste gravé dans votre mémoire ?
Mineur : Tout le travail de collecte réalisé. Mais aussi notre premier festival, Le temps des contes, qui a été un moment important pour nous. C’était très festif et plein de jolies rencontres.
Vous profitez de cette fête pour lancer l’ambitieux projet Voix de traverse. De quoi s’agit-il ?
Mineur : C’est le fruit d’une maturation de notre équipe. Une rencontre avec des artistes d’autres pays qui travaillent la parole à leur manière, en allant vers la musique ou le chant. Nous croyons en l’importance de cette parole subversive. On n’est pas obligé de suivre les parcours tracés de la culture. On peut rencontrer des publics avec des projets différents. En revenant par exemple à des formes simples comme le conteur sur la place publique. Ce projet s’appuie sur la mémoire collective, les récits de souvenirs. On utilise le chant pour travailler cette matière et ensuite la partager lors de restitutions publiques.
Quelles en sont les étapes ?
Mineur : Il y a des temps de collecte de récits en Aquitaine, en Galice et en Belgique. Ensuite, des laboratoires artistiques nationaux et internationaux où l’on propose à un public privilégié de suivre ce travail du chant, des rythmiques et de la parole. On a des temps de restitution avec les veillées, construction collective avec le public. Il y a aussi des classes cultures pour les plus jeunes. On travaille par exemple une semaine dans une classe à la réalisation de films d’animation. À partir de récits collectés, on mêle chant et paroles des enfants. Ils sont acteurs de l’aventure. En 2014, on aura la réalisation finale avec un spectacle réunissant toutes les données collectées, une exposition, un livre et un film retraçant tout le processus.
10 ans de la Maison du Conte de Bruxelles 21 > 24/6, La Maison du Conte, Rokloosterstraat 7D rue du Rouge-Cloître, Oudergem/Auderghem, 02-736.69.50, www.lamaisonducontedebruxelles.be
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