Partant du livre Please Kill Me : L’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, Mathieu Bauer et la compagnie française Sentimental Bourreau rendent hommage à ceux qui ont écrit la saga du punk rock. Un spectacle qui mêle intimement théâtre et musique et qui revisite certains classiques du genre.

Please Kill Me est sorti en France en 2006 (Éditions Allia). À base d’entretiens croisés de personnes qui ont vécu le mouvement de très près dans les années 70, ce livre de Legs McNeil et Gillian McCain retrace l’épopée du punk rock américain, des MC5 et des Stooges jusqu’aux Heartbreakers, The New York Dolls et Television, en passant par les Ramones. Le metteur en scène Mathieu Bauer l’a transposé sur scène, avec trois musiciens (dont lui-même à la batterie) et deux chanteurs-acteurs-performeurs. « Alors qu’aujourd’hui tout est plus cadré et que toutes sortes de raisons nous rendent timorés, il y a une vraie jubilation à se re-raconter une période où tous les possibles étaient présents ».

Le titre du livre et du spectacle, Please Kill Me, vient d’où exactement?
Mathieu Bauer: À l’époque, on s’inventait avec pas grand-chose une vie, un look, un concept. Richard Lloyd, le bassiste de Television, raconte qu’il portait pour un concert un t-shirt « fait maison » où était inscrit « Please kill me ». Le seul problème, c’est qu’à la fin du concert, des jeunes gens bien défoncés sont venus le voir pour lui proposer de passer à l’acte. Il raconte qu’il n’a plus porté ce t-shirt ensuite... Le livre rassemble des anecdotes croustillantes de ce genre, avec des témoignages de groupies, de managers, de musiciens, de critiques de l’époque, qui se contredisent, qui se complètent, qui magnifient cette réalité-là. Il y a de l’humour mais aussi du drame car ces gens se sont donnés au mouvement sans aucune retenue. Il y avait dans cette génération un tel appétit du présent, de vivre au jour le jour, dans le meilleur sens du terme. C’était un grand bras d’honneur à une société qui voudrait que l’on prévoie, que l’on anticipe et qui manque parfois cruellement de spontanéité.
Le livre parle du punk rock américain alors qu’on pense plutôt à l’Angleterre et aux Sex Pistols quand on évoque le mouvement...
Bauer: Cette musique - le livre le raconte très bien - a ensuite été récupérée par les Anglais, et plus précisément par Malcom McLaren (manager des Sex Pistols et compagnon de la styliste Vivienne Westwood, NDLR) qui a su en décliner toutes les possibilités en terme de look, de merchandising, d’esthétique. C’est un peu le « Andy Warhol de la musique punk rock ». En faisant cela, il a en quelque sorte tué la spontanéité du mouvement. Mais à la fin des années 70, on assiste aussi à l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en Angleterre et de Ronald Reagan aux États-Unis. La face du monde change. La musique punk s’arrête à ce moment-là, ce n’est pas un hasard.
Le spectacle est porté par trois musiciens et par un duo d’interprètes.
Bauer: Kate Strong est une performeuse incroyable, d’origine anglaise. C’était la bonne personne pour travailler sur la langue anglaise, très liée au rock, mais aussi sur le corps. Iggy Pop, Joey Ramone ou David Byrne, le chanteur de Talking Heads, avaient une façon de se mouvoir sur scène absolument ahurissante, parfois très proche de la performance. Il y a aussi un jeune comédien, Matthias Girbig, qui chante divinement bien. Il apporte une présence plus juvénile, plus naïve par rapport à cette époque qu’il n’a pas vécue mais qu’il convoque à sa manière. Il ne s’agit pas ici de singer le punk mais de voir comment ça nous traverse.

Please Kill Me
24 > 27/1 • 20.30, €8/15/18
Théâtre 140 avenue E. Plaskylaan 140, Schaarbeek/Schaerbeek,
02-733.97.08, www.theatre140.be

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