Les Brigittines à la recherche du temps

(Monkey © Stef Lernous)

Les Brigittines aiment décaler le réel et le prouvent avec leur festival international qui, cette année, part de quelques « Hypothèses sur la disparition du temps ». Patrick Bonté, directeur-artiste, éclaire son thème et quelques morceaux choisis de sa programmation qui mêle danse, mouvement, théâtre visuel… « Quand une œuvre forte nous touche, le temps peut s’évanouir », dit-il. « Hypothèses sur la disparation du temps propose ce voyage de réflexion sans que les spectacles aient nécessairement le temps comme principal sujet ».

Christoffa
« C’est un jeune chorégraphe français, Davy Brun, qui ouvre le festival avec six danseurs et une création formelle très belle. Il est parti de l’idée que Christoffa était le prénom génois de Christophe Colomb, ce que personne ne sait, et qu’il aurait été compositeur alors qu’il est célèbre comme explorateur. Ce n’est qu’un prétexte pour sonder les ambivalences dans une chorégraphie subtile, fluide. Il crée une sorte de retour dans le temps avec une musique d’époque, mais pour aborder des questions contemporaines, par exemple les ambivalences des genres masculin/féminin… »
17 & 18/8, 20.30

(Christoffa © Gregory Batardon / Drift © Per Morten Abrahamsen)

Drift or drive
« Soit on guide, soit on se laisse guider… C’est un peu le prétexte de cette chorégraphie de Kitt Johnson, une danseuse danoise, invitée pour la cinquième fois au festival. Elle a une véritable présence singulière sur scène et nous trimbale dans des images très suggestives, sur un conflit de base de la société : contrôler ou non ses pulsions. Au départ, elle est très fermée puis, au fil de ses mouvements narratifs, elle enlève ses couches et découvre ses grimaces intérieures… »
23/8, 20.30 & 24/8, 19.00

Montage for Three & Kitty 2012
« Une des trois soirées composées. Montage for Three de Daniel Linehan, jeune chorégraphe américain de Bruxelles, joue en duo sur des photographies célèbres (Hitchcock, Jackie Kennedy…). Ils interprètent des personnages ou des poses par des associations détournées. On est dans un inventaire de gestes sur le décalage de l’imitation et de l’incarnation. Assez drôle. Suivra Kitty 2012 d’un duo installé en Hongrie, Csaba Molnar & Marco Torrice. La tension dynamique est différente des « arrêts sur image ». On est dans une frénésie, une danse un peu sauvage, brute, d’accélérations et de ralentissements dans lesquels se dessine une désinvolture de l’affectif, comme une sorte de radiographie d’une certaine jeunesse »
19 & 20/8, 20.30

(Montage for Three © Vincent Jeannot / Basse danse © KNI)

Monkey
On est dans le théâtre très visuel et étrange du collectif flamand Abattoir Fermé. Un personnage âgé est sur son lit et voit défiler des apparitions et des cauchemars incarnés, sans paroles, dans un compte à rebours, avec une bande-son, qui reprend un peu le procédé d’Europa de Lars von Trier… ».
24 & 25/8, 20.30

(Still Animals © Liesbet Peremans)

Still Animals & Interior Drama
« Still Animals de Tuur Marinus présente une décomposition du mouvement assez drôle. Une sorte d’étude au second degré du mouvement des animaux et des humains. Les interprètes décortiquent la façon de bouger, de courir, le rêve de voler… Interior Drama est une chorégraphie de Lucinda Child qui date de 1977 et que reprend Nicole Beutler, une chorégraphe néerlandaise. Dans cette œuvre d’un minimalisme strict, il y a une étonnante légèreté. On est face à un système complexe de mouvements qu’on essaie de comprendre et on n’y parvient jamais tant la danse est rapide. C’est dynamisant et captivant ».
27 & 28/8, 20.30

Basse danse
« La Hongroise Adrienn Hód est partie d’une danse de cour du XV^e siècle avec quatre interprètes, tous en t-shirt et en jeans. Ils vont vers l’Autre à la fois dans une sorte de ‘code’ social et de sauvagerie où ils laissent libre cours aux gestes pulsionnels. Un contraste entre le corps naturel et contraint, dans des gestes qui se lancent et se déconstruisent aussitôt, et une fausse musique d’époque ».
21 & 22/8, 20.30

(Révolution © Tommy Pascal)

Révolution
« Une chorégraphie d’Olivier Dubois, un ancien danseur de Jan Fabre, qui est parti de la rythmique du Boléro de Ravel avec douze danseuses de pole dance. Elles sont entraînées par la scansion de la musique, dans une cadence répétitive, dans une empathie rythmique avec le Boléro, mais des accidents surviennent. Il y a une fascination de la répétition, une sorte de tension ascendante. La pole dance n’est pas prise dans son rapport au strip-tease mais est utilisée pour la position. Sur scène, une forêt de douze barres qui permettent de danser autour d’un axe fixe ».
1/9, 20.30

Brigittines International Festival • 17/8 > 1/9, €8/15, (€35/55: pass 5 représentations, €60/100: pass 10 représentations)
, Les Brigittines, Korte Brigittinenstraat 1 Petite rue des Brigittines, Brussel/Bruxelles, 02-213.86.10, info@brigittines.be, www.brigittines.be