Mustapaha El Atrassi : rire acide et humour trash

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
23/05/2013
(© Cynthia Frebour)

Avec son sourire enjôleur de gendre idéal, il fait passer en douceur ses vannes acides sur nos comportements contemporains. Adepte du stand-up à l’américaine, Mustapha El Atrassi n’aime rien tant que l’improvisation et la confrontation avec son public.

« J’ai été nourri par le style décontracté des comédiens américains », explique Mustapha El Atrassi. « J’aime cette façon de raconter des choses sur le ton de la conversation, comme on s’adresse à des amis sur une terrasse de café. Ça me permet aussi d’aller chercher les gens pour les emmener dans mon univers.

Et ça laisse la place à l’improvisation ?
Mustapha El Atrassi : J’en ai besoin. Dans ce nouveau spectacle écrit à trois, on a laissé des plages pour l’impro. Je ne fais jamais deux fois le même spectacle. J’ai besoin de ne pas me répéter pour ne pas m’ennuyer. Et puis, je suis vice-champion de France d’improvisation. C’est là que j’ai tout appris. C’est une école extraordinaire. On apprend à chanter, à danser, c’est là qu’on développe l’art de la répartie et des vannes qui font mouche.

Les vannes, c’était tout petit déjà ?
El Atrassi : Dans mon quartier, j’étais toujours avec mon grand frère. Je laissais traîner mes oreilles partout et j’ai écouté ce que je ne devais pas écouter, ce qui m’a permis d’apprendre des choses et de gagner du temps. Comme je n’étais pas le plus beau, ni le plus athlétique, je me suis dit que ce serait bien d’être le plus drôle. Depuis que je suis tout petit, on se vanne entre potes, et c’est à celui qui lâche le truc le plus horrible sur l’autre.

Il y a aujourd’hui un bourgeonnement d’humoristes. Qu’est-ce que vous avez envie de chatouiller pour faire rire ?
El Atrassi : Ce que j’aime, c’est raconter ce qui ne va pas dans la vie, raconter mes galères amoureuses, ce qui ne va pas avec mon corps. L’autodérision, c’est une de mes marques de fabrique. C’est sain de raconter les pires horreurs sur soi-même, alors tout ce qu’on peut entendre après glisse sans accrocher. Si on montre qu’on sait se moquer de soi, on peut se moquer des autres.

Vous n’épargnez personne ?
El Atrassi : Je pense que c’est bien de taper sur tout le monde et en premier sur sa communauté. J’ai la chance extraordinaire d’être payé pour dire ce qui ne se dit pas. J’aime la provoc qui bouscule le public jusqu’à ce que certains n’osent plus rire. J’ai toujours aimé l’humour trash. J’aime quand il y a un léger malaise. Si je vais au spectacle, c’est pour m’en souvenir.

Il n’y a pas de limites ?
El Atrassi : Tant que c’est bien écrit et qu’on dit les choses avec humour, on peut tout se permettre. Raconter les choses les plus horribles et les plus tordues qui te passent par la tête, c’est le meilleur moyen de ne pas devenir fou. J’adore prendre le public à partie pour rigoler de tous les gens insupportables que je déteste. Les gens savent qu’ils viennent voir un humoriste, ce n’est jamais du premier degré.

L’humour, c’est une mécanique ?
El Atrassi : Ça n’arrête pas. Je suis obsédé par la manière de dérouler une vanne. Je suis convaincu que la première fois qu’on la raconte, c’est toujours la bonne. Je suis constamment en train de noter sur mon Iphone les idées qui me viennent. Jour et nuit. Faut dire que je suis insomniaque et que je suis incapable d’aller en vacances. C’est quand même un métier extraordinaire que de faire rire les gens !

Mustapha El Atrassi • 24/5, 20.30, €21, Théâtre 140, avenue E. Plaskylaan 140, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-733.97.08, www.theatre140.be

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