Nadia Schnock : voix du cinéma

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
06/02/2015
(© Busby Coul)

Plasticienne habituée aux performances, Nadia Schnock nous invite dans le juke-box mental de Gary, un crooner hanté par les fantômes de son passé. Il se présente sur scène avec cinq jeunes filles blondes, des clones en jupe droite qui s’approprient en play-back des chansons de Sinatra, Nat King Cole ou Busby Berkeley.

Gary est un drôle de crooner. C’est un homme qui a chanté et qui se souvient. Il a accepté d’être le cobaye d’une expérience scientifique qui le renvoie pour la durée d’une minute un an plus tôt à l’aide d’une machine à remonter le temps. Gary est un spectacle inclassable qui brouille les pistes pour faire ressurgir des fragments de la mémoire, d’images mentales, de chansons entendues ou chantées. Gary est la dernière création de l’artiste plasticienne Nadia Schnock. Dans ses précédents projets Brokenaerts et Mireilles, elle s’intéressait au pouvoir des souvenirs de chansons pour générer des émotions. Avec Gary, elle ouvre son juke-box mental au cinéma.

Votre spectacle travaille sur les traces que le cinéma laisse en nous, mais sans images ?
Nadia Schnock : Les références au cinéma se marquent par les costumes, les lumières et la musique. Dans la continuité de mes spectacles précédents, j’avais envie d’explorer les labyrinthes émotionnels de la voix. Les filles interprètent plein de personnages différents empruntés au cinéma mais ce qui m’intéressait surtout, c’est comment la voix peut prendre corps. Elles ont des perruques blondes avec des costumes assez sobres en référence aux films hollywoodiens des années 40 et 50 et aux personnages du film Le Village des Damnés. J’ai travaillé sur des références qui me sont personnelles, le film noir, le film à suspense, la comédie musicale... Ce sont des références assez larges dans lesquelles beaucoup de gens peuvent se retrouver.

Êtes-vous nostalgique ?
Schnock : Oui, sans doute. Le spectacle fait référence à un monde avant la télévision. Le cinéma était alors plus fédérateur. Je préfère donner moins d’info pour laisser une marge au spectateur et à son imaginaire. Le paradoxe de la surabondance d’images, c’est qu’elle conduit surtout à renforcer certains clichés.

Vous présentez Gary comme un projet entre art visuel et performance.
Schnock : Je suis issue des arts plastiques dans un cheminement qui me conduit vers le spectacle. Ce que je propose est un mélange de théâtre, de danse, de chanson. Il y a du play-back, de la musique live, des collages sonores. Il n’y a pas vraiment de terme pour ça. En tout cas, on peut dire que c’est de l’art vivant. Les classifications sont toujours problématiques. J’ai commencé par la sculpture. Gary, c’est juste un changement de média, c’est une autre manière de raconter une histoire.
Quels ont été les défis artistiques de Gary ?
Schnock : Je fais jouer de la comédie à des musiciens, je les emmène vers des endroits auxquels ils ne sont pas habitués. Quand les gens ne sont pas sur un terrain connu, il y a une fragilité et une chaleur qui se dégagent. Il y a des moments où on est juste sur le fil, prêt à basculer, je trouve ça intéressant. Sur le plan de la narration, je devais créer un fil unique d’une juxtaposition d’univers. J’ai travaillé scène par scène avec des post-it avec lesquels j’ai essayé différentes combinaisons que j’ai permutées jusqu’à quelques jours avant la première.

Qu’avez-vous envie de laisser au spectateur ?
Schnock : Je n’ai surtout pas envie de donner de pistes. Quand je faisais de la sculpture ou des installations, ce qui restait aux gens, c’était des sensations, des images. Ce qui peut rester d’un spectacle comme Gary, ça fait partie de nos rêves, ça nous constitue.

GARY • 12 & 13/2, 20.30, €9/15/18, Hallen van Schaarbeek/Halles de Schaerbeek, Koninklijke Sinte-Mariastraat 22A rue Royale Sainte-Marie, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-218.21.07, www.halles.be

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