Pascal Crochet: dialogue avec Franz Kafka

Nurten Aka
© Agenda Magazine
04/10/2012
(© Froodmat)

Dans la continuité de ses dialogues avec Robert Walser, Pascal Crochet frappe à la porte de Franz Kafka. Metteur en scène « orfèvre », il tente un théâtre d’atmosphère à la Kafka, drôle, inquiétant et angoissant. Avec huit acteurs et quelques portes…

Pascal Crochet est un metteur en scène raffiné et délicat, esquissant un théâtre de chambre s’ouvrant souvent sur des mondes intimes, drôles et étranges. Le tout dans une grande poésie visuelle, avec des acteurs précis dans le geste, des décors ingénieux, des histoires quotidiennes. On y croise des gens cherchant la vie en minuscule, au creux de petites ambitions : domestique, secrétaire… C’est l’univers de R.W., deux spectacles-dialogues avec Robert Walser, écrivain suisse-allemand né en 1878 et mort dans un asile psychiatrique en 1956. On lui doit notamment Les Enfants Tanner, L’Institut Benjamenta, Le brigand… Les deux R.W. sont repris au Rideau de Bruxelles en novembre, après la nouvelle création du moment de Pascal Crochet : Continent Kafka.

Pourquoi Kafka ?
Pascal Crochet : J’avais envie de rencontrer l’écriture de Kafka sur un plateau de théâtre, avec des acteurs. Ce spectacle est une prolongation du dyptique R.W. sur Robert Walser. Il y a une parenté entre ces deux auteurs même si leurs œuvres explorent des zones différentes. Kafka et Walser n’ont cessé de parler d’eux-mêmes, de leur souffrance à être au monde tout en sublimant cela à travers une œuvre écrite singulière.

Comment avez-vous abordé l’œuvre ?
Crochet : J’ai lu ses romans, ses nouvelles, quelques essais, une partie de sa correspondance. Le spectacle est créé à partir de fragments que les improvisations des acteurs transforment. Il s’imprègne à la fois de l’œuvre et de la vie de Kafka à travers des figures et des silhouettes, plus que des personnages. Celles de son père ou de l’« éternelle fiancée », les femmes qu’il a rencontrées et ses relations ambiguës. Et puis, il y a des silhouettes et des situations qui sont transposées de son œuvre : Le Procès, Le Château, La Colonie pénitentiaire, Le Terrier… Le spectacle est un dialogue avec Kafka où chacun peut croiser « son » Kafka. On sera plutôt dans une rêverie, un glissement d’un tableau à l’autre, un glissement de sens. L’enjeu est moins de raconter une histoire que de proposer un univers poétique où le spectateur va se raconter ses histoires d’après ce qu’il voit ou perçoit. Par exemple, deux acteurs portent la figure de Kafka qui, comme il l’écrit dans son journal, n’arrêtait pas de se vivre comme deux : celui qui voulait rejoindre la vie sociale et puis celui qui écrivait la nuit, en contact avec des mondes monstrueux et inquiétants…
Dans une scénographie de portes ?
Crochet : Oui. L’idée était de travailler avec une scénographie « jouante » qui permet aux acteurs d’inventer des situations. On a travaillé sur l’idée d’un théâtre-gigogne, de décor qui peut se déconstruire, se démultiplier. La porte chez Kafka est importante. Il y a toujours quelque chose qui se passe derrière une porte. C’est la question de la visite, de quelqu’un derrière la porte, d’une inquiétude propre à Kafka. On ouvre une porte, il y a quelque chose de bizarre, on marche dans un couloir, des gens y sont étrangement assis… Plus que Walser, Kafka a un ancrage réaliste qui se décale dans des dérives poétiques, avec un humour particulier, cruel, une dimension inquiétante et parfois cocasse…

Continent Kafka • 9 > 27/10, 20.30 (wo/me/Wo: 19.30, 21/10: 15.00), €10/15/20, Centre culturel Jacques Franck, chaussée de Waterloosesteenweg 94, Sint-Gillis/Saint-Gilles, 02-737.16.01, www.rideaudebruxelles.be

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