Pour les 20 ans du TTO : Rire, please...

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
10/09/2015
(© Ivan Put)

Pour le spectacle de ses 20 ans, le TTO jongle avec l’autodérision et les projets d’avenirs fantasmés. Aux manettes de cette création anniversaire, Sébastien Ministru, Laurence Bibot et la directrice des lieux, Nathalie Uffner.

En 20 ans, le TTO n’a pas pris une ride, sauf bien sûr celles des zygomatiques. Créé en 1995 par Nathalie Uffner, Sylvie Rager et Albert Maizel, le Théâtre de la Toison d’Or n’a jamais failli à la mission qu’il s’est donnée : faire rire. Privilégiant les créations autour d’une joyeuse bande d’auteurs et de comédiens, le TTO a forgé un inimitable « esprit de troupe » avec son attirance revendiquée pour les paillettes, les chansons et les personnages borderline. Pour marquer le coup, ils débutent la saison avec un spectacle inédit écrit par Sébastien Ministru et Laurence Bibot et mis en scène par Nathalie Uffner, Rire, please... Il y est question d’une directrice de théâtre invitée à une émission télé où elle parlera d’elle et de son prochain spectacle. Tout ce qu’elle dit est complètement faux et tout à fait vrai. Un anniversaire ne serait pas un anniversaire sans les vieux amis. Nathalie et Laurence seront rejointes sur les planches par des fidèles de l’esprit TTO : Soda, Julie Duroisin, Emmanuel Dell’Erba, Antoine Guillaume, Marla et Bruno.

Si on veut faire rire les gens, il faut le demander poliment ?
Sébastien Ministru : Quand on a commencé à écrire, on était comme tout le monde encore un peu traumatisés par les événements de janvier. En réfléchissant à un spectacle sur les 20 ans, on s’est demandé si aujourd’hui on pouvait encore rire de tout. Notre réponse est de dire : s’il vous plaît, continuons à rire...

Comme point de départ, vous avez pris une émission de télé ?
Ministru : Dans cette fausse interview, la fausse directrice, Nathalie Smet, raconte des choses qui sont quand même vraies. On a largement puisé dans des anecdotes et l’expérience théâtrale de Nathalie. Et dans cette interview, on imagine qu’après 20 ans de rire, le TTO cherche à franchir des étapes pour trouver d’autres manières et d’autres sujets pour faire rire.

C’est donc un programme pour l’avenir ?
Nathalie Uffner : Oui, absolument, même s’il est quand même fantasmé. C’est l’occasion de nous moquer de nous-mêmes, de nos limites, de ce cadre qu’on s’est donné pour toujours faire rire. C’est vrai qu’on a cette manie de toujours mettre des chansons, des paillettes et des chorégraphies. En se demandant si on n’essaierait pas de faire rire plus intelligemment, on se moque de nous et de l’image qu’on peut avoir de nous, surtout dans le milieu du théâtre. Le public, il est toujours là et il se marre, mais le milieu théâtral nous regarde avec perplexité, en disant que ce qu’on fait, oui, c’est drôle, mais ça ne vole pas haut.
Laurence Bibot : On entend trop souvent que c’est bien de faire du théâtre comique, mais qu’il faut être profond. Ça nous fait tous bondir. Depuis quand faire rire serait un manque de profondeur ?

La marque de fabrique du TTO, ce sont des spectacles avec une histoire et pleins de personnages plutôt que du stand-up ?
Uffner : J’aime l’esprit de troupe, et je n’ai rien contre un spectacle avec deux personnages et j’en ferai probablement un. Le stand-up, par contre, ce n’est pas trop mon truc. Dans les seuls en scène, j’aime bien les gens qui viennent avec un univers fort. Ce que j’adorais dans les seuls en scène de Laurence, c’est qu’elle était comme une performeuse, elle jouait plein de personnages différents. Ceci dit, j’aime aussi les paillettes. J’aime bien quand ça chante et quand ça danse.

Le TTO, c’est aussi des créations ?
Uffner : C’est vrai, très souvent. Pourtant, bizarrement, on va citer d’autres lieux théâtraux pour la création et jamais nous.
Ministru : Et la création, c’est une prise de risque énorme.
Uffner : Parce qu’on ne sait jamais si ça va marcher ou pas. En 20 ans, 80 ou 75 % de nos spectacles ont été des créations.

C’est parce que ce que vous trouvez ailleurs ne vous plaît pas ?
Uffner : Je crois que c’est d’abord parce que nous avons de l’imagination et qu’on aime travailler ensemble. C’est un peu enfantin, comme dans la cour de récréation : « Et si toi tu jouais à ça et toi à ça ? » Dans nos spectacles, on se laisse aller à réaliser nos fantasmes d’enfants.
Bibot : Je pense aussi que si Nathalie a créé ce théâtre, c’est parce qu’elle n’a pas trouvé ailleurs ce qu’elle avait envie de voir et c’est ce qu’elle continue à faire. S’il y avait déjà tout un répertoire où elle pouvait juste piocher, elle le ferait. La création est aussi une manière de mettre en avant une identité belge. Sinon, on pourrait aller chercher des succès français ou anglais et les monter. Il y a vraiment ici l’ancrage d’un esprit qui nous appartient.
Ministru : Ce que le public remarque peut-être ou pas, c’est que tous ces spectacles sont très contemporains. Ils sont aussi légers qu’ils peuvent l’être mais si on regarde bien, pendant 20 ans, ils ont raconté quelque chose de notre époque. Feydeau, c’est bien, Boeing boeing, c’est bien, mais ça ne raconte plus grand-chose de notre époque. Or nous, on est en prise directe avec l’air du temps, avec ce qu’on vit, avec l’actualité même. Et à un moment donné, ça transpire dans nos spectacles. Si on analyse bien, on se rend compte que ces comédies sont comme des prises de température. C’est ça qui nous excite aussi : raconter l’époque.

Rire, please..., c’est donc aussi l’amorce d’autres envies de spectacles ?
Ministru : C’est comme ça qu’on l’a imaginé, c’est le spectacle du premier jour du lendemain de nos 20 ans. Mais il faut être honnête, c’est de la fiction parce qu’on ne peut pas dire qu’on révolutionne le genre, puisqu’à la fin on retombe sur nos pattes. Mais on aura essayé de faire autre chose. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, on est en phase d’expérimentation. Le TTO est un laboratoire. Et on est même à l’avant-garde.
Bibot : C’est peut-être une farce, mais c’est aussi la preuve qu’on cherche.

RIRE, PLEASE... 17/9 > 7/11, Théâtre de la Toison d’Or, 
www.ttotheatre.com

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