Punk Rock : dans l'arène de la jeunesse

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
10/01/2014
Punk Rock, de Simon Stephens, mis en scène au Poche par Olivier Coyette, observe les pulsions et l’éruption de la violence au sein d’un groupe d’adolescents mis sous pression par une société qui érige la compétition en hygiène de vie.

Dans la petite ville de Stockport où il a grandi, le jeune Simon Stephens était fasciné par l’école privée, la Grammar school comme on dit la-bas, qui se situait à deux pas de l’école publique où il faisait ses études. Il fantasmait sur la vie des garçons et des filles derrière les murs en brique rouge de l’immeuble victorien. Bien des années plus tard, devenu père et ébranlé par le massacre de Columbine, l’auteur de théâtre reconnu qu’il était devenu a puisé dans ses souvenirs et dans son effroi pour écrire Punk Rock, une pièce qui questionne la violence et la nature éminemment séduisante de la transgression. Quant au titre de la pièce, il fait référence à l’esprit de défiance, de rébellion et à l’appétit de changement qui enfiévraient les enfants du no future. Toujours à l’affût de textes forts qui mettent à nu les crises de société, le Poche et Olivier Coyette montent cette pièce emblématique de l’auteur de Pornography et de Motortown.

Au Poche, vous aimez montrer des textes choc qui radiographient la société d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui fait la spécificité de Punk Rock ?
Olivier Coyette : La grande précision de sa construction. On sait que ça parle de l’irruption de la violence chez les jeunes. Toute la question qui alimente la tension jusqu’à la fin est de savoir d’où et par qui naîtra cette explosion de violence. On voudrait bien comprendre, sauf qu’on ne comprend pas. On ne sait pas qui va appuyer sur la gâchette. Ça pourrait être n’importe quel personnage. Entre eux, les jeunes se comportent comme des animaux aux instincts grégaires, chaque individu cherche à imposer son territoire. Ça se renifle, ça ruse, il y a des rapports de domination et de soumission qui passent des uns aux autres.

Pendant presque toute la pièce, les jeunes sont entre eux, sans adultes.
Coyette : Dans le monde adulte, il y a des règles d’autorité qui induisent les comportements. Elles volent en éclats dès que les jeunes se retrouvent entre eux. Ils peuvent alors se montrer très durs en cherchant à imposer leur territoire, des sentiments de rivalité et de domination s’affirment dans des rapports qui balancent entre la rivalité et l’incapacité de communiquer.

Vous avez voulu gommer les éléments les plus British ?
Coyette : L’action est située dans une école privée qui accueille la crème de la société. J’ai préféré ne pas reprendre les uniformes en usage dans ce type d’établissement. En Angleterre, les différences de classe sont très marquées. Elles sont moins pertinentes chez nous. De toute façon, cette violence qui domine les rapports entre les jeunes se retrouve dans tous les milieux sociaux. C’est aussi une manière de permettre au public de s’identifier plus facilement aux personnages.

Cette identification est importante ?
Coyette : Je suis pour un théâtre miroir qui permette aux jeunes de questionner leurs comportements. Proches des personnages par l’âge et le contexte, ils sont libres d’approuver ou de rejeter leurs actions. Il y a des situations dans la pièce où les ados ne se reconnaîtront pas, mais cela permettra d’amorcer le débat. Très investis dans leurs rôles, les comédiens sont presque aussi jeunes que leurs personnages, ce qui promet des discussions intéressantes avec le public.

PUNK ROCK • 14/1 > 8/2, 20.30, €8/11/13/16, Théâtre de Poche, Gymnasiumweg 1A chemin du Gymnase, Ter Kamerenbos/bois de la Cambre, Brussel/Bruxelles, 02-649.17.27, www.poche.be

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