Stanislas Nordey : quand l'amour crève

Nurten Aka
© Agenda Magazine
23/01/2013
(© Marc Domage)

Stanislas Nordey et Audrey Bonnet dans un face-à-face signé Pascal Rambert. Une équipée française de haut vol pour un sujet banal : la séparation du couple. Accrochez-vous, Clôture de l’amour s’annonce cinglant.

Quitter/être quitté, ce tourbillon de la vie avec ses méchancetés, ses phrases fulgurantes (in)sensées, la violence de ses mots, ses tonnes de reproches et regrets... Rare est celui qui ne connaît pas cette musique. Ici, deux artistes, Stan et Audrey, se retrouvent sur leur lieu de travail, une salle de répétition. C’est là qu’il a décidé de « clôturer » son amour. C’est parti pour deux heures de spectacle écrit et mis en scène par Pascal Rambert. Une pièce originale en deux monologues-mouvements : l’homme prend la parole pour quitter, ensuite vient le tour de la femme quittée de répondre. Qui est le matador ? Qui achève l’autre ? Lui ? Elle ? Rencontre avec l’excellent comédien Stanislas Nordey.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette pièce ?
Stanislas Nordey : Elle est bien écrite, en deux parties que l’on joue dans une rythmique de logorrhée. On ouvre les vannes, tout se déverse, jusqu’à l’écœurement. De plus, ce sont deux artistes qui se quittent. Cela double le jeu cruel d’une parole qui va jusqu’au bout, salir pour anéantir toute possible réconciliation. On est au carrefour des sentiments, dans une autopsie du rapport amoureux. Plus que les raisons d’une rupture, la pièce raconte « comment on se quitte ». On s’est aimé dans la lumière de l’autre, là, on se dit tout en voyant l’ombre de l’autre. Il y a une palette de jeu, de la tragicomédie avec différents registres : la mauvaise foi, l’insulte, la colère brute, le regret d’avoir été trop loin. Quelques moments drôles ou absurdes et un revirement de situation entre lui et elle. C’est donc une pièce intense à interpréter, dans ses ruptures et ses émotions.

Sans dialogue. Chacun reste silencieux pendant que l’autre se répand…
Nordey : Curieusement, dans chaque monologue, il y a une espèce de dialogue interne. Par la mise en scène, on est constamment dans le regard de l’autre. On convoque deux registres complètement différents : la parole folle, ininterrompue et l’écoute, silencieuse et active. Deux lignes contraires de même intensité, un défi intéressant pour des acteurs.

Pourquoi est-ce lui qui la quitte ?
Nordey : On ne sait pas, mais on rêve d’inverser les rôles. Voir comment la parole de l’homme peut être dite par la femme et vice-versa.

Apparemment une chorale d’enfants débarque et vous terminez en « Apaches ». Cela ne jure pas dans votre sobre duo ?
Nordey : La chorale est une arrivée qui m’avait moi-même étonné mais qui donne une bonne trouée dans cette confrontation qui peut frôler le pathos. Tout à coup, la vie banale débarque avec ces enfants qui demandent s’ils peuvent répéter dans la salle. Ils font relativiser et respirer les choses. Enfin, on finit par porter une coiffe à plumes, laissant la fin ouverte comme une énigme. Est-ce qu’après les mots on va entrer en guerre et se battre réellement ? Est-ce qu’on commence la répétition pour laquelle on était venu dans cette salle ? À chacun de choisir selon ce qu’il a vécu de cette clôture de l’amour.

Clôture de l’amour • 25 & 26/1, 20.30, €18, Paleis voor Schone Kunsten/Palais des Beaux-Arts, rue Ravensteinstraat 23, Brussel/Bruxelles, 02-507.82.00, info@bozar.be, www.bozar.be

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