Téléscopages au bord de l’absurde

© Agenda Magazine
26/02/2012

Le jeune comédien français Vincent Hennebicq, issu du Conservatoire de Liège, signe sa première mise en scène avec Parasites de Marius von Mayenburg. Un auteur cruel, un décor de poubelles et… une certaine rage de vivre.

Vincent Hennebicq a étudié la langue de Vondel pour jouer récemment le « héros » du Baal de Brecht, dans une mise en scène de Raven Ruëll & Jos Verbist, avec une distribution francophone-flamande jouant alternativement dans les deux langues. Une aventure rare où le comédien a plongé dans la tradition flamande : un jeu plus direct, moins psychologique, moins incarné. Un travail qu’il installe en creux dans sa première mise en scène, Parasites de von Mayenburg. L’auteur allemand ne fait pas dans la dentelle. Sa pièce la plus connue, Visage de feu, raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur, incestueux et pyromanes, face à leurs parents démunis. La morale est souvent mise à rude épreuve. Dans Parasites, cinq personnages se cognent : chacun est-il le parasite de l’autre ? Hennebicq imprègne la pièce de fureur de vivre.

Comédien, vous signez votre première mise en scène. Pourquoi passer de l’autre côté
?
Vincent Hennebicq
: Quand on met en scène, on a envie de provoquer du jeu chez les autres et je voulais essayer un théâtre où il n’y aurait que du jeu. Des comédiens et un plateau. Ni grands écrans, ni vidéos, ni micros, etc. Je voulais me contenter des personnages et des comédiens avec exclusivement leur besoin de jouer et de raconter une histoire.
Vous ne vous êtes pas épargné avec Parasites de von Mayenburg. Pourquoi ce choix
?
Hennebicq
: Ce texte brut et direct me fascine. Il y a une force dans les dialogues, avec des phrases courtes et des répliques sèches que les personnages se lancent comme des couteaux. Avec cette curieuse ambivalence : une scène peut me fait rire et le lendemain, je peux la trouver ultra cruelle.
La pièce joue sur des extrêmes. Comment la raconteriez-vous
?
Hennebicq
: Cela part d’une femme enceinte qui essaie d’attirer l’attention de son mec en se cognant la tête contre les murs, en menaçant sans arrêt de se suicider. Elle débarque chez sa sœur, qui elle-même s’occupe d’un handicapé en chaise roulante. Il a été écrasé par un vieillard… Tous ces personnages vont se télescoper dans un « trop-plein » qui nous conduit au bord de l’absurde. Mais Parasites, c’est juste l’histoire de gens qui se heurtent les uns aux autres parce qu’ils essayent d’avoir un contact avec l’Autre.
Comment avez-vous abordé ce texte clash et sombre…
Hennebicq
: Je demande aux comédiens d’être dans ce que Pasolini appelait « une vitalité désespérée », dans un jeu sec, brut et direct. Leur détresse n’empêche pas une grande envie de vivre. On doit donc sans arrêt se battre contre le pessimisme du texte. On joue dans l’urgence, à vif.
Vos répétitions nous dévoilent une «
scénographie de poubelles»!
Hennebicq
: Une scénographie « ordurière », dans près de 1000 sacs poubelles. Un travail énorme créé par Johanna Daenen. Dans cette décharge, les comédiens jouent comme si tout cela était normal, comme s’ils étaient dans un appartement, une ville... La scénographie file la métaphore. Un non-lieu, un monde de poubelles où les personnages sont engloutis, mais où ils se débattent méchamment. Leurs costumes très colorés permettent de mieux les voir surgir de cette matière repoussante. Ils viennent en surbrillance, comme pour dire que l’issue reste l’humain…

Parasites
28/2 > 10/3
• 20.30 (29/2 & 7/3: 19.30)
Théâtre National boulevard E. Jacqmainlaan 111, Brussel/Bruxelles,
02-203.53.03, www.theatrenational.be

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