Thierry Thieû Niang fait danser les Marolliens

Nurten Aka
© Agenda Magazine
31/05/2012
(© Maxime Noyon)

Les Tanneurs réussissent des spectacles de qualité avec les gens du quartier des Marolles. Rendez-vous dans Personne(s), la nouvelle création signée par le danseur-chorégraphe français Thierry Thieû Niang.

C’est le huitième projet-quartier du Théâtre Les Tanneurs, un rendez-vous incontournable du mois de juin. L’année dernière, les artistes d’un soir dégainaient un immense karaoké, We can be heroes, sur la place du Jeu de Balle. Une réussite grâce à une forte exigence artistique, comme dans le choix des artistes qui « s’y collent » : Karine Ponties, Arnaud Pirault/groupenfonction, etc. Cette année, c’est le danseur-chorégraphe français Thierry Thieû Niang qui crée avec « les gens ». Ce metteur en mouvement - entre autres du célèbre Patrice Chéreau - a réuni une vingtaine de Marolliens d’horizons et d’âges différents. Rencontre.
De Paris aux Marolles... Que faites-vous ici ?
Thierry Thieû Niang : Le directeur des Tanneurs, David Strosberg, a vu mon travail au Musée du Louvre où j’ai réuni trois générations - des enfants, de jeunes adultes et des personnes à la retraite - autour d’un parcours dansé avec des œuvres du Louvre et des visages de la société d’aujourd’hui. Quand les Tanneurs m’ont proposé de participer à leur projet de quartier, j’ai souhaité poursuivre.
Avec des « danseurs » de « 7 à 77 ans ». Pourquoi ?
Thieû Niang : Créer un spectacle avec plusieurs générations est très important à une époque où tout est compartimenté et où l’on travaille souvent entres nous, chacun dans sa tranche d’âge.
De Patrice Chéreau aux amateurs, quel effet cela vous fait ?
Thieû Niang : C’est la même chose. La rencontre avec l’Autre est intiment liée à mon travail. Je ne m’intéresse pas qu’aux danseurs. J’ai travaillé avec des chanteurs d’opéra comme avec des prisonniers ou avec des personnes âgées. Chacun peut porter une parole. Sur scène, moi, je ne peux qu’échanger des outils sur le mouvement, sur l’inspiration, déclencher des imaginaires.
Comment avez-vous abordé la danse ?
Thieû Niang : On s’est réunis dans l’idée de questionner le corps, la danse, le mouvement individuel et collectif. J’ai travaillé sur leur mouvement. J’ai proposé des situations, des exercices sur l’écriture de la danse contemporaine, avec ses questions sur l’espace, le temps, le mouvement, le fragment, la relation… Par exemple, avec une personne âgée qui porte un enfant : quelque chose se passe, comme un enfant qui prend la main d’une personne âgée pour la faire accélérer dans l’espace…
Quid de la musique ?
Thieû Niang : Des airs d’opéra, une musique pour piano, Le Sacre du printemps de Stravinski mais aussi The End des Doors, Jacques Brel et même une interview de Marguerite Duras sur laquelle on danse. Il n’y pas de besoin de faire un cours sur l’art ou la musique. Chacun s’est approprié ces musiques par une traversée physique de l’œuvre. Personne(s) est un projet collectif métissé, qui parle de comment être ensemble, de comment partager un espace en silence, en musique.
Et au niveau du décor et des costumes ?
Thieû Niang : Le décor, c’est juste une création lumière et quelques chaises. Pour les costumes, j’ai demandé deux tenues : un pantalon bleu et un t-shirt coloré et leur tenue préférée. C’est une robe de princesse pour une petite fille, le maillot de foot pour le jeune garçon ou encore une jolie chemise de papy pour aller à un mariage... Mais le spectacle évolue encore. On verra à la première représentation.

Personne(s)
2, 3, 9 & 10/6 • 16.00, €5/7,50/10
Théâtre Les Tanneurs Huidevettersstraat 75 rue des Tanneurs, Brussel/Bruxelles,
02-512.17.84, reservation@lestanneurs.be, www.lestanneurs.be

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