Tom Lanoye : patrie et langue maternelle

Michaël Bellon
© Agenda Magazine
07/10/2012
La langue de ma mère (Sprakeloos, en V.O.) est le livre avec lequel l’écrivain flamand à succès Tom Lanoye fait ses adieux à sa mère. C’est aussi son premier ouvrage à avoir été traduit en français. Aujourd’hui, Lanoye joue son monologue théâtral basé sur le livre dans une version bilingue.

La saison dernière, Sprakeloos (littéralement « Sans voix ») a été présenté sur scène au KVS. Tom Lanoye a l’habitude de porter ses livres à la scène dans une forme qui dépasse de loin la conférence littéraire traditionnelle. Ce livre en particulier, qui parle de langue et de la mère de Lanoye qui, en plus d’être femme de boucher, était aussi comédienne amatrice, s’y prête bien. À présent que son succès prend de l’ampleur dans la partie francophone du pays et que ses autres romans sont traduits en français, cette version bilingue de son spectacle était pour lui une étape logique. « Pour la première fois en trente ans », explique Lanoye, « je reçois aussi des mails et des lettres de Bruxelles et de Wallonie. C’est terrible qu’il ait fallu attendre si longtemps mais il y a clairement un besoin et un intérêt pour enfin apprendre à se connaître au-delà de cette prétendue frontière qui traverse la Belgique. Ce livre et ce spectacle sont aussi une bonne carte de visite. Le thème de la mère est universel, mais tout le débat sur la langue - la langue d’une famille, d’une région, la langue maternelle d’une patrie - convient bien pour une traduction. Ce que je remarque aussi sur le plan politique, c’est que la belgitude que j’ai voulu décrire est reconnaissable aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. Les réactions que je reçois dans les librairies francophones sont réconfortantes et en même temps tout simplement normales : on ne peut pas écrire sur la Flandre sans écrire par la même occasion sur la Belgique ».

Immersion
« Mag het iets meer zijn ? », expression récurrente chez les bouchers et utilisée comme adage par Lanoye dans son métier d’écrivain, devient en français « Il y en a un peu plus. Je vous le mets ? ». « C’est vraiment devenu un spectacle bilingue, à la bruxelloise. Les parties plus en retenue, contemplatives, se prêtent mieux à la langue que je dois plutôt rendre à la lettre : le français. Je dis en néerlandais les passages populaires en discours direct et en dialecte de Sint-Niklaas les paroles exubérantes de ma mère. Tout est toujours surtitré. Le plus souvent, je joue avec le livre en main, mais ici, pour rendre hommage à la comédienne qu’était ma mère, j’ai appris de nombreux passages par cœur. Je vais vraiment faire un effort pour apprendre aussi par cœur une série de passages en français. Et je demande au public de faire lui aussi cet effort. Participez ‘à la belge’ pendant cinq jours au Théâtre National. Ce sera une immersion pour celui qui le veut. J’en profite pour inviter en toute modestie les Bruxellois et les Wallons à venir jeter un œil à ce qui s’est passé dans le théâtre flamand ces 30 dernières années. Des formes théâtrales hybrides s’y sont développées, avec de très nombreux styles de jeu différents, avec des gens qui écrivent, qui mettent en scène et qui jouent. Je me fais fort d’agir de la même façon avec la littérature. Il ne s’agit plus d’une conférence traditionnelle, mais d’un spectacle avec des lumières, des projections et de la musique, où je suis sur scène en tant qu’écrivain, en tant qu’animateur, en tant qu’acteur et, dans ce cas-ci, aussi en tant que personnage ».

La langue de ma mère sur scène
9 > 13/10, 20.15 (10/10: 19.30), €10/15/19, en FR & NL surtitré, Théâtre National, boulevard E. Jacqmainlaan 111, Brussel/Bruxelles, 02-203.53.03, www.theatrenational.be

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