Tragédie sur les bords d’un fjord

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
27/05/2014
Coline Struyf fait partie de cette nouvelle et passionnante génération de jeunes metteuses en scènes belges francophones dépoussiérant avec panache la scène théâtrale. Très remarquée avec Balistique terminale, pièce chorégraphique disséquant notre fascination pour les scènes de crime, Coline Struyf s’attaque cette fois à un auteur norvégien, Arne Lygre. Pour garantir l’effet de surprise, il est impossible de trop en dire sur cet Homme sans but, sauf peut-être qu’il s’agit d’une tragédie contemporaine sur les traces d’un homme richissime qui, un jour, décida de construire une ville sur un fjord. Coline Struyf nous dévoile quelques clés de cette pièce sur le pouvoir de l’argent, où le vrai et le faux s’entremêlent jusqu’au vertige.

Que peut-on révéler de cette pièce sur la famille, l’argent et la consistance de la réalité ?
Coline Struyf : On y découvre un homme richissime qui peut tout se permettre et veut donc se lancer dans un projet qui pourrait ne pas réussir. Il déclare un jour à son frère qu’il veut ériger une ville sur des marécages, là où il n’y a rien. Il va réussir et donc se mettre en quête d’un nouveau projet, qui le conduira à fonder une famille. Je ne peux pas en dire plus sauf qu’au final, on se dit que l’argent, s’il permet tout, ne suffit pas. Il y a un retournement de situation au milieu de la pièce, et on réalise que l’histoire qu’on suit depuis le début n’est pas réelle, qu’on a été dupés.

Ce texte a été un choc pour vous. Pourquoi ?
Struyf : Il y a huit ans, je l’ai acheté de manière instinctive chez Tropismes. J’ai été troublée par son écriture rapide, très vive, qui traverse plus de 30 ans, et qui, en même temps, propose aux acteurs de se placer sur plusieurs niveaux à la fois. Il y a une démultiplication des rôles qui recentre le théâtre autour de l’acteur et du jeu. C’est un théâtre en rapport avec le monde. On y crée des personnages, ce qui est exactement ce que l’on fait tous dans la vie. Le mensonge est au cœur de la pièce, pourtant, ce n’est pas une pièce sur le mensonge, mais plutôt sur le rapport qu’on entretient avec l’argent. Comment l’argent est constitutif de nos vies, des mensonges que l’on se fait à soi-même. On se construit une identité à travers sa famille, son travail, la société, c’est naturel. La vie n’est pas un théâtre au sens spectaculaire où l’on serait toujours en représentation, mais au niveau intime et fondamental. Être la fille, la femme ou la sœur de quelqu’un, c’est jouer un rôle. C’est ce qui construit notre identité.

Comment convoquer un fjord sur la scène ?
Struyf : Le décor reste assez simple pour laisser une certaine liberté aux acteurs. On n’a pas reconstitué un fjord mais il y a une sorte d’élément multiforme qui évoque un fjord, un bateau, une ville ou un lit d’hôpital. On s’est inspirés du travail d’architectes norvégiens qui ont construit des villes au milieu des fjords.

(Image © Hiki Komori)

HOMME SANS BUT 27, 29 & 30/5: 20.30, 28/5 & 4/6: 19.30, 3/6: 13.30 & 20.30, 5 > 7/6: 20.30, €5/7,50/10, Théâtre Océan Nord, rue Vandeweyerstraat 63-65, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-216.75.55, www.oceannord.org

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