Une responsabilité dans l’assiette

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
31/01/2014
Charles Culot et Valérie Gimenez du collectif Art & tça ramènent la parole des agriculteurs sur scène dans un spectacle juste et interpellant, Nourrir l’Humanité c’est un métier.

Actuellement, quatre fermes disparaissent chaque jour en Belgique. Par souci de rentabilité et de productivité, les petites exploitations sont abandonnées au profit des grosses. Les produits qui font notre alimentation quotidienne désertent le local pour intégrer les circuits mondialisés dominés par les grands groupes industriels. Pour témoigner de la réalité humaine derrière ce constat implacable, Charles Culot et Valérie Gimenez, deux comédiens issus du jeune collectif Art & tça, ont décidé de prendre la route pour récolter les paroles paysannes. Des 60 heures d’entretien avec 30 agriculteurs de différents secteurs, ils ont créé un spectacle de théâtre documentaire engagé et interpellant, Nourrir l’humanité c’est un métier. « Notre but n’est pas de faire des pièces mais des événements autour de la thématique de l’agriculture et de l’alimentation », précise Charles. Chaque spectacle s’accompagne de débats avec des acteurs du secteur, d’expositions et de stands où des associations peuvent présenter leurs activités. « C’est une réalité très complexe, nous voulons aussi inviter le public à aller plus loin, en réfléchissant par exemple sur ses habitudes de consommation ».

Dans un théâtre très militant comme le vôtre, comment avez-vous abordé la forme, à laquelle vous attachez une égale 
importance ?
Charles Culot : Après le travail de journaliste et d’historien, il y a celui de comédien. Nous avons forcément dû faire des choix d’extraits dans les entretiens en fonction d’une construction dramaturgique, ce qui peut être frustrant. Ensuite, nous incarnons physiquement la parole de ces agriculteurs en travaillant la gestuelle et les accents pour leur donner une identité, en veillant à être juste et jamais caricatural. C’est comme si on avait ramené ces agriculteurs sur scène, l’empathie est plus forte. Le public assis dans la salle, c’est nous quand nous avons reçu ces paroles. On apprend, on s’émerveille et on en ressort transformé.
Valérie Gimenez : Nous avons voulu revenir à l’essentiel : une lumière faible, la table de cuisine et la toile cirée - nos entretiens prenaient souvent place dans la cuisine. Nous en avons tiré deux formes, une plus ramassée avec laquelle nous tournons dans les écoles et les villages et une autre, adaptée à une scène de théâtre, avec plus d’espace. Ça nous permet de rechercher des moments de grâce et de poésie, de laisser place au silence.

Dans tous ces témoignages souvent durs, voyez-vous aussi des raisons d’espérer ?
Culot : C’est plus intéressant de montrer ce qui ne va pas pour mieux rebondir après. Un des premiers problèmes est celui de l’information. Les médias ne relaient pas la réalité des gens. Si notre théâtre peut servir à ça, c’est déjà très bien. Après, l’espoir, il est aussi dans les gens qui se tournent vers la consommation locale et vers les groupements d’achats communs. Il est aussi chez ceux qui ont des diplômes mais pas de travail et qui envisagent de se tourner vers l’agriculture. On perd 3.000 agriculteurs par an, il y a là un vrai vivier d’emplois.

NOURRIR L’HUMANITÉ C’EST UN MÉTIER • 4 > 15/2, 20.30 (5 & 12/2: 19.30, 9/2: 15.00), €8/10/15/19, Théâtre National, boulevard E. Jacqmainlaan 111, Brussel/Bruxelles, 
02-203.53.03, www.theatrenational.be

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