Véronique Dumont dirige trois grandes dames

Nurten Aka
© Agenda Magazine
11/02/2013

Janine Godinas, Marie-Paule Kumps et Isabelle Defossé jouent Trois grandes femmes d’Edward Albee, mis en scène par Véronique Dumont. Un « casting de choc » pour une pièce sarcastique, sur la vie et la mort.

Auteur féroce de Qui a peur de Virginia Woolf?, le dramaturge américain Edward Albee a écrit Trois grandes femmes - récompensé par un Prix Pulitzer en 1994 - suite à la mort de sa mère. Mais l’histoire est une fiction. Il nous emmène chez une vieille femme qui se raconte auprès de son infirmière et de son avocate, témoins de son bilan pas très glorieux. Rassurez-vous, chez Albee, le théâtre est plus acide que triste. De plus, au Public, dans la salle des Voûtes, on découvrira un casting inédit, réunissant trois de nos grandes comédiennes francophones : Janine Godinas, en senior acerbe, Marie-Paule Kumps, l’avocate qui gère ses affaires, et Isabelle Defossé, son infirmière. Véronique Dumont dirige ces trois actrices complices.

Comment voyez-vous l’histoire ?
Véronique Dumont : Celle d’une dame âgée qui perd la tête, qui a un peu raté sa vie. Une femme assez méchante issue de la bourgeoisie américaine. Le bilan est douloureux mais, étonnamment, l’écriture d’Albee est extrêmement drôle. C’est violent - car on y parle de mort - mais avec énormément d’humour.

Une Tatie Danielle bête et méchante ?
Dumont : Pas bête, mais méchante. Elle vient d’une société où l’on dit « nègre » et « youpin », d’un racisme profond, où l’argent passe avant l’humain.

Comment dès lors expliquer le titre Trois «grandes» femmes ?
Dumont : Je pense qu’Albee voulait que cela soit joué par de très grandes femmes, physiquement. Cela n’apporte rien au sujet de la pièce, même si le personnage principal souligne qu’avant elle était grande et que désormais la vieillesse l’a rétrécie.

Dans quel style de mise en scène travaillez-vous ?
Dumont : Je reste dans un décor presque réaliste où ces femmes sont quasi enfermées dans une chambre pastel, assises sur une chaise d’où elles parlent. Une sensation d’être atrophiées dans un espace où l’extérieur n’existe plus vraiment, avec une mise en abîme dans une fin qu’on ne peut dévoiler... Au niveau du jeu, je m’inspire du clown, comme une figure « violente » du sourire affiché, du sérieusement drôle, tout en essayant de ramener la pièce à une simplicité des choses. Il n’y a ni images ni musique, ou peut-être une chanson, Poor Mum de Molly Drake, avec une seule lumière qui ne changera pas et qui éclairera les scènes comme une photographie.

Un huis clos statique ?
Dumont : Au début, on peut le craindre, mais le texte possède une dynamique interne. Bouger pour bouger, cela ne m’intéresse pas. Le spectacle se dynamite par petites touches. Aller aux toilettes peut devenir un événement… Albee est un homme de théâtre avant tout. Il écrit avec un sarcasme efficace qui ne peut endormir le spectateur.

Comment met-on en scène trois grandes comédiennes ?
Dumont : C’est agréable parce qu’on papote ! Ce sont des bolides. Si on veut changer un détail ou pousser la chose un peu plus loin, elles sont à l’écoute et le font au quart de tour. Un plaisir de jeu généreux et une bonne pièce, c’est du bonheur pour une metteuse en scène.

Trois grandes femmes 14/2 > 6/4, 20.30, €8/22/25, Théâtre Le Public, rue Braemtstraat 64/70, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 0800-944.44, www.theatrelepublic.be

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