Vincent Delerm adopte le format théâtral

Nurten Aka
© Agenda Magazine
22/04/2012
Memory est le spectacle écrit et joué par le chanteur Vincent Delerm qui incarne Simon, un personnage qui... chante peu. Créé en décembre 2011 à Paris, au Théâtre des Bouffes du Nord, le spectacle se glisse en douceur dans une tournée qui passe pour un soir à Bruxelles.

Vincent Delerm au théâtre, c’est pour un soir à Wolubilis et ce rendez-vous avec le chanteur français affiche complet. Memory raconte les déambulations de Simon sur « le temps qui passe ». Seul en scène, accompagné d’un personnage-musicien, Delerm pousse naturellement la chansonnette, sans excès.

Qu’est-ce qui vous a pris de débarquer au théâtre
?
Vincent Delerm
: C’est un truc qui vient de loin. Dans mes spectacles de chanson, j’ai intégré de plus en plus des petits actes comme des voix off, des lectures, des projections vidéo, etc. J’ai ici clairement voulu créer une forme théâtrale. Ce n’est donc pas une parenthèse entre deux albums. Et puis, à la base, je voulais être comédien, mais ma carrière a démarré avec la chanson.
Est-ce plus compliqué d’écrire une pièce qu’une chanson
?
Delerm
: Au contraire. En chanson, on est soumis à un format : trois couplets et trois refrains, des phrases courtes. C’est comme vouloir faire rentrer dans un petit tiroir une idée plus large. Dans une pièce, on a plus d’espace pour écrire, davantage de place pour développer et donc, c’est plus simple.
Mais moins simple qu’un concert...
Delerm
: Le concert est dans une dynamique où toutes les 3 minutes 30, il y a des applaudissements. On voit où en est le public. Au théâtre, le public est silencieux, la structure est différente et nécessite souvent une progression. Il y a aussi une masse de travail, des séances de notes après les répétitions, etc. Pour Memory, j’ai travaillé avec la metteuse en scène Macha Makeïeff (complice de Jérôme Deschamps pour les Deschiens et actuellement directrice du Centre dramatique national de Marseille, NDLR), sur les placements/déplacements, la fluidité du spectacle. Au théâtre, on peut avoir ce sentiment qu’en cours de route le spectacle peut se casser la figure. C’est plus fragile. Mais en solo piano-voix, il est possible de ressentir cette même fragilité.
Memory
reste dans votre univers de chanteur-compositeur?
Delerm
: En effet. Incapable d’avoir un propos sur tout, je revendique des thématiques récurrentes. Après, il y l’angle d’attaque. Memory est formé d’une série de scènes liées par le personnage de Simon qui se pose plein de questions sur ce qu’il doit attendre de la vie, dans une atmosphère de projections vidéo, de légèreté et d’absence de légèreté. Je pense à Tati, à Woody Allen. C’est l’histoire d’un mec qui regarde une émission où l’on fustige l’époque remplie de gens concentrés sur leur nombril, avec des rêves d’ailleurs. Il va alors sortir de sa « vie en pyjama » et se rendre compte que le monde est aussi fermé que son appartement.
Et la chanson?
Delerm
: Elle s’est naturellement créée avec le spectacle. Ce n’est donc pas un futur album. Mais c’est une zone délicate : passer du récit parlé à la chanson, et vice versa, en faisant abstraction du chanteur Vincent Delerm. Les glissements sont réfléchis. Il n’y a que sept ou huit chansons, placées dans des atmosphères et des endroits différents, qui n’appellent aucun applaudissement. Elles restent dans leur pièce de théâtre.

Memory
26/4 • 20.30, SOLD OUT!
Wolubilis Cours Paul Henri Spaakplein1, Sint-Lambrechts-Woluwe/Woluwe-Saint-Lambert, 02-761.60.30, wolubilis.be

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