Carlotta Sagna chorégraphie pour les petits

(© Laurent Philippe)

Sobre magie au rendez-vous ? La chorégraphe Carlotta Sagna s’essaie au spectacle pour enfants, avec une histoire où une fille danse tout le temps et où la neige tombe… à voir dès 5 ans.

Chorégraphe italienne installée en France, Carlotta Sagna était déjà venue aux Tanneurs avec le sublime Ad Vitam, solo de solitude, en mots et gestes, explorant la folie. Avec sa sœur Caterina, Sagna a présenté récemment Nuda Vita au Théâtre 140, sur le thème de l’exclusion. La curiosité est donc aiguisée pour Cuisses de grenouille, son premier spectacle pour enfants. Planter la magie, chorégraphier dans le « rigolo » : pas évident. Mais les ingrédients de la fable s’annoncent efficaces. Une petite fille, Joséphine, ne fait que danser à la maison, tout le temps, partout. Jusqu’à soûler ses parents qui décident de l’inscrire à un cours de danse. La voilà dans un autre monde, celui du théâtre. On la suit dans ses péripéties dansées, avec une danseuse étoile unijambiste comme prof, une éclairagiste qui a peur du noir, un souffleur complètement sourd. Un voyage de 50 minutes avec trois interprètes et un musicien.

On s’étonne de vous croiser dans un spectacle pour enfants…
Carlotta Sagna : Après les thèmes « graves » d’Ad Vitam et de Nuda Vita, j’avais envie de travailler un peu en légèreté. J’ai donc pensé à un spectacle pour enfants car cela m’oblige à rester dans ce sillon sans bifurquer. Pour Ad Vitam, je voulais aussi aborder la légèreté et pourtant, je m’en suis écartée. Avec Cuisses de grenouille, c’était impossible.

« Joséphine apprend à danser ». Il y a une fable, une morale ?
Sagna : La fable est universelle. Joséphine, ça peut être moi, ça peut être toi. Mais Cuisses de grenouille n’est pas didactique. J’avais envie que l’histoire nous fasse pénétrer dans la magie du théâtre où, avec trois bouts de ficelles, on peut déjà rêver ! Ici, on se glisse dans l’envers du décor, où l’on voit d’ailleurs comment la neige tombe sur scène…

Vous misez sur la musique et les costumes ?
Sagna : Oui. Le décor est « vide » mais pas pauvre. La musique live est inspirée des bruitages de cinéma, comme une sonorisation des pas de Joséphine, le bruit de la neige, le son du vent, un piano, du Beethoven, etc. Les costumes, c’est pareil. Je voulais jouer sur la magie, l’émerveillement. C’est donc un grand micmac, un chaos dessiné et coloré, où les tutus sont de travers et les bleus de travail très à paillettes…

(© Laurent Philippe)

La danse y est « enfantine » ?
Sagna : Surtout pas. On a 40 ans, ça ne sert à rien de mimer les enfants. La danse joue plutôt de l’innocence et de la délicatesse, sans faux-semblants infantiles. Sur scène, il y a des images qui feront penser à la danse classique, contemporaine, baroque… On raconte aussi quelques anecdotes : pourquoi on dit « merde », qu’est-ce que c’est «cour » et « jardin»… Ça reste rigolo.

Quelle est la réaction des enfants qui vous a surprise ?
Sagna : Ce qui est drôle - et qui se répète au fil des représentations qu’on a données dans différents lieux -, c’est que les enfants ont envie de danser ! Ils sont aussi d’une grande spontanéité. Avec eux, tu comprends tout de suite si ton spectacle fonctionne ou pas. La barre est placée haut pour l’artiste.

Cuisses de grenouille • 8/12, 20.30, €5/7,50/10 & 9/12, 16.00, SOLD OUT!, 5+, 
Théâtre Les Tanneurs, Huidevettersstraat 75-77 rue des Tanneurs, Brussel/Bruxelles, 
02-512.17.84, reservation@lestanneurs.be, www.lestanneurs.be