Francis Dannemark

(© ERE)

Des Demoiselles de Rochefort à Manhattan, de Shanghai Express à La Vie de Brian, Francis Dannemark embrasse un siècle de cinéma à travers la vie d’un ciné-club hebdomadaire organisé de nos jours, quelque part à Bruxelles. Un roman résolument optimiste. Trop ?

Livre | La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis ●●
Francis Dannemark Robert Laffont, 480 P., €21

Je soupçonne Francis Dannemark de prendre beaucoup de plaisir à imaginer les titres de ses chapitres. Dans son dernier roman, l’écrivain et éditeur bruxellois se prête à cet exercice à 69 reprises, avec une bonne dose d’inventivité et d’espièglerie. C’est donc à travers de très nombreuses et très brèves tranches narratives que l’on suit ici quelques mois - de l’hiver à l’été - de l’existence de Max, psychologue installé dans une vaste demeure qui a de plus en plus de mal à résister aux assauts du temps et qui semble condamnée à dépérir faute de moyens. C’est là qu’il y a dix ans, Max a créé son association La Maison aux Bons Soins, dont il ne reste plus grand-chose aujourd’hui. C’est là que chaque mercredi, il organise avec Jean-François, son complice de toujours, un ciné-club qu’il partage avec plusieurs amies. Ce cercle assez restreint accueille bientôt une nouvelle venue, l’énigmatique Felisa, dont l’arrivée va déclencher quelques miracles.
Le motif de ce ciné-club hebdomadaire, que les personnages chérissent tant et pour lequel ils sont prêts à braver tant d’obstacles, permet à Dannemark de se lancer dans une véritable déclaration d’amour au cinéma, d’hier et d’aujourd’hui, et notamment à quelques perles oubliées du cinéma américain. Tous les films cités dans le roman sont d’ailleurs repris à la fin, dans une impressionnante énumération. La régularité de ces rendez-vous cinéphiles, qui donne hélas un petit côté répétitif au récit - chaque semaine, on arrive, on s’installe, on mange, on présente le(s) film(s), on le(s) regarde et on en discute -, ponctue l’évolution de la vie familiale et sentimentale souvent complexe des différents personnages et celle du projet de la maison médicale dangereusement menacé. Au fil des pages, des liens se tissent, d’autres se brisent, des secrets sont révélés et en fin de compte, tout finit bien pour ces différents protagonistes tellement remplis de bonté que l’on finit par penser qu’ils sont tous trop gentils pour que l’on y croie vraiment.
Dans un style souple et délicat, Dannemark profite du regard tendre de Max pour souligner ces petits bonheurs de l’existence à côté desquels il est si facile de passer : la chaleur d’un feu ouvert, un repas partagé, la vision furtive d’un écureuil en pleine ville... « Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes », c’est toujours bon à prendre.

Rencontre avec Francis Dannemark: 11/10, 19.00, Librairie la licorne, www.librairielalicorne.be