Journalistes turcs à Bruxelles: "Erdogan augmente la pression depuis des années"

SDS
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06/12/2017
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan augmente la pression de plus belle contre les critiques sur son régime. Mais la pression était déjà énorme, nous racontent des journalistes turcs licenciés qui se trouvent à Bruxelles.

"Quand je suis venu m'installer à Bruxelles en 2007, il y avait ici entre 10 et 15 correspondants pour les différents médias turcs", nous raconte le journaliste Sertaç Aktan. “Entretemps, leur nombre a fort diminué. En partie car les relations entre la Turquie et l'UE se sont aigries et qu'Ankara montre moins d'intérêt pour ce qui se passe à Bruxelles.

Mais depuis les manifestations des jeunes autour du Parc Gezi à Istanboul, leur nombre a encore diminué, suite à la pression sur les médias. Lors de ces manifestations, qui critiquait les limitations de la liberté d'expression imposées par le gouvernement, onze manifestants ont perdu la vie et près de huit mille blessés.

Beaucoup de journalistes ont perdu leur emploi à cette époque-là. Aktan en fait partie. Il travaillait pour l'agence de presse IHA en tant que correspondent bruxellois. "Les autres s'auto-censurent depuis. Maintenant, il ne reste plus que des correspondants des chaînes publiques et de l'agence des médias étatiques." Aktan avait écrit que la police faisait trop usage de la violence pour briser la manifestation, et c'est suite à cela qu'il a été licencié.

Pas d'accréditation
L'adversaire le plus puissant d'Erdogan, Fethullah Gülen, vit en exil aux Etats-Unis, d'où il gère toute une série d'institutions, d'écoles et aussi de médias. "Dès 2014, les correspondants pour les médias associés à Gülen n'ont plus reçu d'accréditation lors de voyages d'un ministre turc à Bruxelles," nous raconte Aktan, à qui il arrive encore de travailler comme journaliste free-lance pour Deutsche Welle, la BBC of Euronews. "J'ai fait ma vie ici à Bruxelles, je ne retournerai plus là-bas. Même les collègues qui voulaient retourner en Turquie le reportent pour l'instant, je pense."

La plupart des Turcs de Belgique sont pro-Erdogan, confirme Aktan. "En Turquie, la moitié de la population soutient le gouvernement. A Bruxelles, il doit s'agir d'environ 70 pourcent. Les Turcs qui ont immigré en Belgique viennent d'endroits traditionnels, la plupart d'entre eux sont des conservateurs."

Même au sein des médias qui ont pour public cible les Belges d'origine turque, cette pression est présente. En décembre 2015, nous avions par exemple évoqué le licenciement de Kenan Erer, journaliste de la chaîne turco-bruxelloise Gold FM.

"J'ai commencé comme correspondant à la radio et télévision nationales turques TRT à Bruxelles", nous raconte Erer. "J'ai été licencié car j'ai donné de l'espace à la critique du gouvernement. Ensuite j'ai présenté un talkshow sur Gold FM, où j'ai été licencié pour les mêmes raisons. Maintenant je suis au chômage depuis six mois."

Fui vers Bruxelles
Après la tentative de coup d'état il y a quelques semaines, le gouvernement turc a encore augmenté la pression. "Beaucoup de journalistes ont fui le pays", nous raconte Atkan. "Mercredi, nous avons entendu que la justice turque a émis 47 mandats d'arrêt contre des anciens collaborateurs du journal Zaman, le plus grand journal d'opposition, lié à Fethullah Gülen.

Parmi les gens arrêtés, il y aurait deux anciens rédacteurs en chef du Today's Zaman anglophone, selon la journal Hurryet. Le dernier rédactrice en chef, Sevgi Akarçeşme, n'a pas attendu de se faire arrêter, et a immédiatement réservé un aller simple pour Bruxelles. "J'étais énormément soulagée au moment d'arriver à Bruxelles. La Turquie était devenue une prison en plein air pour moi."

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