1553 christopher de bethune

Le photographe Christopher de Béthune au Recyclart

Sophie Soukias
© BRUZZ
10/01/2017

À l'occasion des soirées Extra Fort, le photographe Christopher de Béthune présentera son travail en noir et blanc fait d'errances introspectives. Les unes menées à Bruxelles, les autres, dans un ailleurs imaginaire baptisé Outland.

La nouvelle saison d'Extra Fort au Recyclart s'ouvre avec, entre autres, le photographe bruxellois Christopher de Béthune. Comme le veut la coutume, il prendra la parole pendant une heure environ, alors que ses images défileront sur le mur blanc d'un hall désaffecté de la gare de Bruxelles-Chapelle, avec en fond sonore la mélodie vrombissante des trains qui passent sur le viaduc. Une ambiance feutrée et intime, propice aux confidences. Car il n'est pas toujours facile pour un photographe de se dévoiler par la parole, d'expliquer le sens de son travail artistique.

On sait à quel point la photographie constitue pour beaucoup un moyen de s'exprimer sans avoir recours aux mots. Un constat sans doute encore plus vrai pour la catégorie de photographes à laquelle appartient Christopher de Béthune. Dans le sillage d'Anders Petersen, Jacob Aue Sobol ou Daido Moriyama - pour citer quelques noms qui ornent sa bibliothèque bien fournie - les images de Christopher de Béthune forment le miroir de son univers psychique; autant d'émotions, de peurs et d'obsessions imprimées en noir et blanc.

Deux types d'espaces alimentent l'inspiration du photographe. D'une part, la ville où il habite, et de l'autre une zone géographique imaginaire, lointaine et sauvage surnommée Outland. "Les grandes villes m'inspirent en général, mais Bruxelles j'y suis né et j'y habite. Quand je sors le soir pour y faire des photos, ça me brûle à l'intérieur". Les photographies de rue de Christopher de Béthune se présentent sous la forme de silhouettes évanescentes - simples passants, mendiants, vieillards, SDF - que l'on croise sur les trottoirs, dans le métro ou sur le quai de la gare mais que l'on dévisage rarement.

(Continuez en dessous de la photo)

1553 OUTLAND

Un univers nocturne, mélancolique, qui traduit la détresse et la solitude qui hantent les grandes villes comme Bruxelles, et la folie qui en découle. Dans la nuit noire, des ombres solitaires avancent sans but sur la longue route en macadam du piétonnier éclairée par les enseignes des fast-foods. "Le piétonnier me fait penser aux années noires en Angleterre. C'est atroce, aussi bien visuellement parlant que du point de vue social. Cette situation m'attriste beaucoup et en même temps je ressens le besoin, presque coupable, de la photographier, de la documenter".

C'est principalement dans le quartier Nord de Bruxelles que Christopher de Béthune s'adonne à ses errances nocturnes. "J'aime me perdre et voir où ça me mène, souvent nulle part, souvent chez moi, mais parfois il m'arrive de tomber sur des situations qui me touchent."

Ailleurs, quelque part
En parallèle à ses pérégrinations bruxelloises, le photographe va prendre la route à plusieurs reprises. Non pas seul mais en compagnie de sa compagne, la photographe Lara Gasparotto. Leurs errances dans des contrées plus ou moins lointaines et reculées s'étalent sur quatre ans et débouchent sur une série photographique récemment publiée sous le nom de Outland (Ed. Dienacht) – cet ailleurs fantasmé sorti de l'imagination de son auteur.

"Avec le recul, je me rends compte que c'est un livre sur Lara. J'ai commencé ce projet de publication à la fin de notre relation. Je l'ai fait par instinct. Comme je ne suis pas très doué avec les mots, je me suis dit que j'allais faire quelque chose avec les photos ". Outland ou comment raconter une histoire d'amour et sa fin avec des montagnes immenses, des bêtes sauvages, des paysages infinis et le fantôme solitaire de l'être aimé.

Ce long voyage introspectif constitue sans doute le travail le plus romantique – dans le sens littéraire du terme – et le plus personnel du photographe. Une série d'inspiration cinématographique – Outland est aussi une référence au Badlands de Terrence Malick – qui se décline comme un road movie à travers les émotions du photographe: entre mélancolie et étrangeté, spiritualité et amour inconditionnel de la nature. "Cette série s'est finie par la force des choses, aujourd'hui je peux, peut-être, tourner la page."

> Extra Fort: Christopher de Béthune & Simon Vansteenwinckel / Tony Cairns. 19/01, 20.30, Recyclart, Brussel



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