"Mêle-toi de ce qui te regarde!" est une libre interprétation de l'expression "Dey your lane", à laquelle les habitants de Lagos ont constamment recours pour délimiter leur espace dans la mégalopole surpeuplée. C'est aussi le nom de l'exposition photo à Bozar qui met les projecteurs sur la créativité et le dynamisme de la ville nigériane.

Combien d'habitants vivent à Lagos? Personne n'a de réponse précise à cette question. Certainement plus de vingt millions. Ça grouille d'activité. Les autoroutes sillonnent la ville. La circulation est meurtrière. La pollution, étouffante. La richesse démesurée contraste avec la grande pauvreté. Lagos est une ville où les extrêmes vibrent et inspirent.

Lorsque le curateur de Dey Your Lane Azu Nwagbogu a fondé en 2010 LagosPhoto, c'est cette sensation qu'il désirait cultiver. Le festival offre un contrepoids à l'afropessimisme, aux innombrables photos d'enfants affamés et de victimes de guerre démunies. La créativité sur le sol natal et l'identité africaine bénéficient de soutien et d'un forum. Quelle autre ville, donc, que la bourdonnante Lagos pour servir de base d'opérations?

L'exposition Dey Your Lane est le résultat d'une sélection de la dernière édition du festival LagosPhoto. Des travaux qui vont au-delà du photojournalisme traditionnel et qui évoluent vers une photographie plus conceptuelle, avec des formes nouvelles et expérimentales de l'ordre du storytelling. Vingt-quatre photographes africains, mais aussi des artistes internationaux, illustrent la vie intérieure d'un continent et de ses habitants : l'Afrique vue par les Africains, sans le regard de l'étranger.

CRISTINA DE MIDDEL, photographe espagnole installée à Mexico et curatrice de la dernière édition du LagosPhoto, propose une série qui marque les esprits. This is What Hatred Did est une transposition visuelle du livre My Life in the Bush of Ghosts (1964) de l'auteur nigérian Amos Tutuola. L'histoire d'un jeune garçon qui cherche à s'abriter des bombes et du feu et qui trouve refuge dans le bush. Il erre pendant trente ans dans la forêt magique, entouré d'esprits, à la recherche d'une sortie. De Middle met en scène ce récit fantastique avec les habitants de Makako, un des bidonvilles de Lagos.

Le Nigérian ADOLPHUS OPARA livre une ode à la virilité africaine. Dans un noir et blanc classique, il photographie les corps musclés et transpirants de joueurs de rugball sur la plage. Le jeu – un croisement entre le rugby et le football avec ses règles propres – permet aux jeunes d'échapper à la pression urbaine et à la pauvreté. Avec sa série The Human Condition, son compatriote LAKIN OGUNBANWO explore les relations humaines dans le paysage urbain avec des double expositions tendres et poétiques.

Armé de son appareil photo grand format, le Néerlandais HANS WILSCHUT fixe les mutations accélérées de Lagos. Que ce soient les nouvelles constructions, l'explosion démographique ou le centre urbain en pleine expansion : Wilschut laisse la ville s'exprimer.

Le nigérian UCHE OKPA-IROHA s'installe sous les ponts des autoroutes construites sans aucune forme de planification. Dans une ville de plus de vingt millions d'habitants où deux mille nouveaux résidents échouent chaque jour, le logement constitue un problème énorme. Ils sont nombreux à s'abriter sous les ponts. Seul un timide rayon de soleil trouve son chemin là-dessous.

L'artiste vidéo ROBIN HAMMOND pointe son objectif sur le Nigérian fortuné, joueur de golfe qui fait ses courses dans les supermarchés richement fournis, mais aussi sur le Nigérian sans le sou. Il montre Lagos comme elle est : un monde de contrastes.

Dey Your Lane! Lagos variations, 17/6 > 4/9, Bozar

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