L’artiste bruxellois à la carrière internationale vous invite au Botanique qu’il a transformé en jardin extraordinaire où poussent les fruits défendus de son imagination. Ceux-ci sont nés de croisements culturels et religieux improbables, ouvrant à l’infini le champ des interprétations.
© Antoine Muller
Mehdi-Georges Lahlou sur 'Behind the Garden'
Qui se cache derrière ce sourire ?
Né d’un père marocain musulman et d’une mère espagnole catholique, Mehdi-Georges Lahlou, artiste franco-marocain installé à Bruxelles, puise dans l’imagerie, les écrits, les objets et les imaginaires associés aux cultures respectives de ses ancêtres pour mieux les détourner. Se prêtant au jeu transgressif de l’art contemporain, il crée des formes - sculptures, installations, performances, photographies - hybrides et inclassables, a priori absurdes, comme, par exemple, des tapis de prière musulmane brodés du Notre Père.
« En les mettant ensemble, ils ne sont plus utilisables comme objets religieux. C’est une sorte de désacralisation par le sacré », explique Lahlou. « J’aimerais que tout perde son sens mais en même temps que tout ait sens. J’aime créer l’exercice de partir d’un regard vierge sur une chose et lui donner toutes les possibilités ». Dans ce jeu de faux-semblants, le visage et le corps de l'artiste sont eux-mêmes mobilisés. Une façon aussi d’incarner un point de vue qui se veut personnel avant tout.
Quoi de neuf sous le soleil ?
Dans l’exposition Behind the Garden, Mehdi-Georges Lahlou et le curateur Simon Njami restituent au Botanique sa vocation première: celle de jardin. Sauf que celui-ci est gardé par la déesse Jannah (pure invention inspirée du mot « jannah » signifiant « paradis » ou « jardin » en arabe) dont la sculpture est en pois chiche. Et que les œuvres de l’artiste, un mélange d’existantes et d’inédites, y poussent en abondance. Mauvaises herbes, penseront peut-être certains.
Ce à quoi l’artiste répond : « La subversion vient du regard de l’autre, pas de moi ». Au fil de cette promenade sensorielle empreinte d’une ambiguë nostalgie, on croise, entre autres, des bénitiers de cannelle, des sabliers de couscous ou encore un buste blanc à l'effigie de son créateur tentant de garder en équilibre sur sa tête un encensoir. Autres invitées de marque, les septante-deux vierges promises au martyr musulman. Leur apparence pourrait bien vous laisser perplexe.
Pourquoi franchir la porte du jardin ?
L’occasion de suivre l’évolution d’un jeune artiste bruxellois au CV international (Paris, Berlin, New York, Rabat,..) et de se faire plaisir aux yeux, tout en embarquant pour une réflexion contemporaine sur le sens des traditions, des croyances, des symboles et des normes sociales, y compris les normes de genre.
> Mehdi-Georges Lahlou: Behind the Garden. 14/09 > 05/11, Botanique, Saint-Josse-ten-Noode
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