Rarement l'accès à l'antre d'un artiste aura procuré un tel dépaysement. Pour parvenir au lieu de création de Luis Pôlet, on traverse une longue allée, cachée par une porte de garage. Celle-ci a des allures d'urban jungle. Bananier, érable du Japon, citronnier… une incroyable végétation accueille le visiteur.

"Au printemps, c'est une explosion de senteurs et de couleurs. On la doit à un jardinier-philosophe, un amoureux de la nature qui récupère les plantes abandonnées pour les soigner", explique l'artiste. Passé ce sas de décompression vert, idéal pour une démarche introspective, on pénètre dans l'atelier de Luis Pôlet (31 ans). Les plastiques calfeutrant les fenêtres confirment que l'été n'est plus qu'un souvenir et que c'est bien l'hiver et ses frimas qui sont en ligne de mire. L'espace est vaste, il fait valoir une belle hauteur de plafond, un véritable luxe pour Pôlet qui a connu les déconvenues de nombreux ateliers précaires. " J'avais besoin de stabilité, le fait de l'avoir trouvée a un impact sur mon travail ", sourit-il.

L'œil fait le tour de la pièce et se raccroche à quelques détails : un vieux canapé assoupi au milieu de la pièce, la pochette de la bande-son de The Godfather, des étagères dans lesquelles ses œuvres sont soigneusement rangées. Au cœur du travail non-figuratif de Luis Pôlet, on trouve l'encre, un fondamental qu'il utilise depuis douze ans. " C'est une encre sépia dont les pigments peuvent être décomposés. J'ai découvert son potentiel en la renversant sur du papier. Le lendemain, l'encre supposément noire avait fait place à d'autres couleurs ", commente l'intéressé. Luis Pôlet choisit de l'appliquer directement sur la toile ou de la répandre par le biais d'une matrice. " Je cherche une tension entre maîtrise et aléatoire, même si au fil du temps, il y a de moins en moins de place pour l'accident ", avance-t-il. Afin d'exprimer tout le potentiel de l'encre, l'artiste attache beaucoup d'importance aux apprêts.

Ses fonds blancs sont le fruit d'un soin méticuleux. C'est encore plus frappant pour la partie plus récente de son travail qui utilise des panneaux de bois pour support. Ces derniers sont enduits d'un gesso délicat. Le tout pour une technique qui relie l'œuvre de ce Bruxellois à la Renaissance. Sur ce canevas classique, Luis Pôlet applique l'encre et surtout la travaille au moyen d'une écriture-calligraphie emmenant sa démarche du côté de l'Orient. " Même si mes compositions ne sont pas figuratives, je n'aime pas que l'on parle d'abstraction. Il est impossible de s'abstraire totalement. J'en veux pour preuve que mes dernières productions sont imprégnées par la tristesse qui régnait à Bruxelles au moment où je les ai peintes". C'est une vingtaine de tableaux que donnera à voir la Galerie Bastien dès le 26 octobre. L'exposition sera complétée par une performance avec l'artiste Parole et une autre avec le danseur Corentin Delpierre.

NOS GUERRES INTERIEURES, 26/10 > 3/12, J. Bastien Art

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