1768 FILM tout sst bien passe

Dans 'Tout s’est bien passé', Sophie Marceau incarne une écrivaine parisienne soudainement confrontée à la décrépitude de son père et à son besoin d’une fin de vie digne, bien que choisie.

Review
Score: 3 op 5

'Tout s'est bien passé' : Sophie Marceau retrouve enfin un rôle à son niveau

Niels Ruëll
© BRUZZ
21/09/2021

Dans Tout s'est bien passé, un homme égocentrique, riche et têtu, demande à sa fille d'organiser sa fin de vie. François Ozon ne fait pas de mauvais films, donc même quand il s'agit d'euthanasie, tout se passe bien.

Où est passé le temps où La Boum n'évoquait pas des images de policiers piétinant des civils au Bois de la Cambre, mais Sophie Marceau en jeune fêtarde ? L'actrice française du James Bond : Le monde ne suffit pas et de plusieurs films d'Andrzej Zuławski, retrouve enfin un rôle à son niveau. Elle prête sa grâce et sa froideur mystérieuse à une écrivaine parisienne qui se trouve soudainement confrontée à la décrépitude et au besoin humain d'une fin de vie digne, bien que choisie.

Après un accident vasculaire cérébral, son père de 85 ans, partiellement paralysé, est formel. Après une vie riche et bien remplie, il est temps de partir et elle doit s'en occuper pour lui. Dans un premier temps, l'écrivaine nie la question, mais cela ne résout rien. Même les progrès de la rééducation, comme l'amélioration de la parole, ne le font pas changer d'avis.

François Ozon opte pour une description claire du processus de l’euthanasie

L'acteur chevronné André Dussollier interprète habilement ce rôle techniquement complexe, tout en ne cherchant pas un seul instant à susciter la sympathie ou la pitié du spectateur. Ce riche marchand d'art égocentrique, qui n'a d'yeux que pour les défauts des autres, n'est pas tendre avec ses deux filles (Sophie Marceau et Géraldine Pailhas), sa femme dépressive et quasi répudiée (Charlotte Rampling) ou son amant quelque peu pathétique (Grégory Gadebois).

Sobre et factuel
Sa demande ne peut être satisfaite aussi facilement, car la France ne respecte toujours pas la volonté d'une fin de vie digne et autodéterminée. Le réalisateur et scénariste François Ozon, souvent prêt à un peu de provocation ou à des scènes délirantes, ne cherche pas à faire de long débat sur le sujet. Comme dans Grâce à Dieu, son film à succès sur la pédophilie au sein de l'Église française, il demeure insensible, sobre et factuel. Il reste proche du livre autobiographique d'Emmanuèle Bernheim, l'écrivaine décédée en 2017 qui l'avait assisté pour les scénarios de Sous le sable, Swimming Pool et 5×2.

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Ozon opte pour une description claire du processus de l'euthanasie. Elle est censée se dérouler en Suisse, en l'absence des ami.e.s et de la famille. En plus de la douleur physique et psychologique, toute l'opération implique des tracas inutiles, des secrets, de la bureaucratie et de l'argent. "Comment font les pauvres ?" se demande le personnage de Dussollier. "Eh bien, ils attendent de mourir", lui dit sa fille. Le droit de mourir dans la dignité est pour les riches. Le film n'a pas l'espace nécessaire pour approfondir cette injustice.

Tout s'est bien passé a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes l'été dernier mais n'a remporté aucun prix. Un destin correct pour un long-métrage correct réalisé par un cinéaste qui fait un nouveau film presque chaque année et ne déçoit jamais ou presque. Mais ne vous attendez pas à du cinéma du calibre de Frantz ou L'Amant double.

TOUT S’EST BIEN PASSÉ
FR, dir.: François Ozon, act.: Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas

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