| Tomorrow Tomorrow Tomorrow (2018)

Review
Score: 4 op 5

Alessandro Pessoli: un monde hédoniste et coloré

Gilles Bechet
© BRUZZ
08/04/2018

Dans l’exposition qu’il présente à la Galerie Hufkens, le peintre italien de Los Angeles Alessandro Pessoli couche sur toile un monde hédoniste et coloré. Qui est aussi une vision diffractée de notre chaos contemporain.

Des suricates à l’abordage, un quartier de pastèque, une poule neurasthénique, un paquet de dynamite, une maison bien chauffée. Voilà une vie libre telle qu’elle apparaît depuis le studio de Alessandro Pessoli à Los Angeles, Sheik Yerbouti et Hot Rats à plein volume.

L’artiste italien confiait, en effet, qu’il a écouté Frank Zappa pendant qu’il travaillait sur cette série de peintures et qu’il a trouvé dans les expériences soniques et les collages du guitariste moustachu, de nombreux parallèles avec sa manière intuitive de travailler. La peinture de Pessoli est comme un grand filtre euphorique et coloré qui absorbe ce qui l’entoure comme si rien du monde ne lui était extérieur.

Dans son univers pictural, on oublie ses origines. Tout est passé au tamis de l’acrylique. Deux hommes nus ont perdu la tête, cela ne les empêche pas de nous souhaiter la bienvenue. Là, une maison ou une fusée ? Difficile à dire, il faut attendre la mise à feu. Une nature morte se conçoit avec revolver, poires et flèches. Et le parterre de fleurs, il a poussé dans la boîte de couleurs.

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| Alessandro Pessoli, Tomorrow Tomorrow Tomorrow (2018)

Entonnoir psychédélique

La matière peinte s’affirme avec force, par les couleurs et les coups de pinceaux entraînant le réel dans un entonnoir psychédélique. Sur la surface de la toile, les sujets n’en sortent pas indemnes, parasités par des éléments perturbateurs, ici une banane, là un sexe masculin ou des sucettes glacées.

Ailleurs, ce sont des fragments anatomiques, yeux et bouches, qui viennent parasiter la logique de la représentation. Dans un esprit post-pop, Pessoli joue avec des objets iconiques de la modernité, comme les émojis, les smartphones, ou de la culture américaine, comme le revolver à barillet quand ce ne sont pas les dessins de ses enfants, qu’il plante dans ses compositions comme des gousses d’ail dans un gigot.

Le peintre est devenu un filtre qui sélectionne des éléments hétérogènes dont il fait des symboles que chacun remplira comme il lui plaira. Adepte du collage dans les formes, il l’est aussi dans les techniques puisqu’il combine sur la toile le travail au pinceau, à la bombe aérosol, en impression stencil ou en sérigraphie. Il aime aussi passer ses surfaces au décolorant, ce qui donne par endroits un halo comme sur une télévision mal réglée.

L’univers de Pessoli n’en est pas pour autant pur sucre. Derrière la superposition chaotique de couleurs fluo et délavées, de poings levés et de glaces acidulées, diffuse une angoisse sourde, celle de l’hétérogénéité mal digérée et celle du rejet qui guette toutes les greffes.

> Alessandro Pessoli: Like a Free Life, > 28/4, Xavier Hufkens

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