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Le jeune designer Tariel Tato Oragvelidze retricote son identité: ‘Fini de me trahir’

Sophie Soukias
02/10/2025
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Sélectionné pour faire partie de la Future Generation au MAD, Tariel Tato Oragvelidze compte parmi les jeunes diplômés en design les plus prometteurs de la capitale. Formé en Géorgie puis titulaire d’un master en Italie, il s’est installé à Bruxelles avec l’espoir de devenir enfin l’homme et l’artiste qu’il aspire à être.

Un jour d’hiver à Bruxelles, Tariel Tato Oragvelidze assiste à un cours de français, entouré d’autres exilés récemment arrivés. Il traverse alors une période délicate, marquée par une certaine mélancolie. Dans un moment de distraction, il ouvre Google et tape : « cours de crochet à Bruxelles ». Il tombe sur l’Arba-ESA, s’y inscrit.

En quelques mois à peine, Tariel Tato Oragvelidze se fait un nom et est sélectionné, parmi d’autres talents prometteurs, pour exposer au MAD Brussels dans le cadre de Future Generation. Il y présente un pull oversized, fait main, inspiré de ceux que portent les pêcheurs. Sur la photo ci-dessus, il porte sa dernière création, plus ajustée cette fois, conçue pour son ami performeur Gio Megrelishvili.

Pour comprendre Tariel Tato Oragvelidze, il faut peut-être remonter chaque maille de ses pulls. L’histoire commence dans un petit village géorgien, suspendu entre terre et eau, au bord de la mer Noire. Son grand-père y possédait un petit bateau. Enfant, Tariel Tato partait seul au large.

« De l’extérieur, mon enfance semblait ordinaire, avec des parents aimants. Mais ils ne m’ont jamais vraiment compris »

Tariel Tato Oragvelidze

« De l’extérieur, mon enfance semblait ordinaire, avec des parents aimants. Mais ils ne m’ont jamais vraiment compris. Prendre la mer, c’était ma façon de me relier à ma solitude. »

Révélation

Pour son projet de fin d’année, il imagine d’abord un uniforme marin inspiré du style victorien anglais, emblème d’une élégance rigide, propre aux classes dominantes, où tout est soigné, contenu, polissé. Mais très vite, il sent qu’il s’éloigne de lui-même. Qu’il rejoue une scène familière : celle de se conformer, de plaire, quitte à se nier. « En tant que garçon, surtout enfant unique, on porte une énorme pression. » Comme quand ses parents — et la société autour — refusent de voir qu’il est queer.

Alors il change de cap. Retour à l’essentiel : à la barque de son grand-père, au pull artisanal, trop grand, fait à la main. À une forme de vérité intérieure. « Je n’avais pas anticipé que ce projet serait si personnel. » Installé à Bruxelles, il espère vivre de son art – crochet aujourd’hui, tapisserie demain – et se promet de ne plus jamais se trahir. « Ce projet autour du fisherman’s wear a été une révélation. Une forme de psychothérapie. »