Que veut dire être flamand aujourd’hui ? Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, né à Anvers de père marocain, répond en s’entourant du plasticien Hans Op de Beeck et du musicien Floris De Rycker dans un spectacle intitulé Vlaemsch.
Sidi Larbi Cherkaoui: Flamand sans frontières
À une époque de crispation nationaliste et de fermeture des frontières, l’artiste qui s’est produit de Paris à Séoul ou de Barcelone à Sydney avec l’étiquette de flamand, a senti le besoin d’affirmer sa vision fluide de l’identité.
Pour ce spectacle, il a rassemblé autour de lui le plasticien Hans Op de Beeck et le musicien Floris De Rycker.
Ensemble, ils ont regardé vers le XVe siècle, âge d’or culturel et économique de la Flandre, où des « fiamminghi » parcouraient l’Europe pour répondre aux demandes de leurs commanditaires laïques et religieux éblouis par leur peinture ou leur musique polyphonique. Des artistes qui, à l’époque déjà, ne craignaient pas l’expérimentation, travaillaient de manière internationale et étaient ouverts aux influences étrangères.
Ils ont regardé vers le XVe siècle, âge d’or culturel et économique de la Flandre, où des « fiamminghi » parcouraient l’Europe pour répondre aux demandes de leurs commanditaires laïques et religieux éblouis par leur peinture ou leur musique polyphonique
L’identité assimilée pour certains à l’origine géographique est pour Sidi Larbi Cherkaoui indissociable de ces influences et enrichissements divers. « Certains peintres ont en effet travaillé en Flandre, mais peut-être avaient-ils presque tout appris en Italie, en Espagne ou aux Pays-Bas ? Bien qu’il ait existé de très nombreuses connexions artistiques en Europe, s’étendant souvent très loin, certains en Flandre ressentent néanmoins le besoin de prétendre : ‘Non, non, cela vient bien d’ici.’ Il faut que cela ait pris racine dans la glaise flamande. Tandis que toute notre culture a subi de si fortes influences de l’étranger. »
Paradoxalement aussi, quand l’identité est mise en doute parce qu’on ne porte pas un nom suffisamment flamand, ou manipulée par ceux qui voudraient la rigidifier, il peut être salutaire de regarder vers le passé, un passé, bien plus fluide dans toute sa richesse et sa complexité que ce qui émerge des souvenirs rances des uns et des pages jaunies des livres d’Histoire des autres.
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