S O R O R: Âmes sœurs

Nicolas Alsteen
© BRUZZ
18/06/2018

Rassemblés autour d’une passion commune pour le rock, un gars et trois nanas scellent le sort de S O R O R. Entre vertigineuses harmonies vocales et puissantes décharges électriques, le groupe bruxellois met de l’intensité au cœur de l’action. De quoi attirer l’attention.

Nouvelle étoile dans la constellation du rock bruxellois, S O R O R explore des galaxies psychédéliques, new wave et bruitistes. Intense, lettrée et terriblement nerveuse, la formule proposée par le quatuor ravive le feu sacré de quelques légendes éternelles (Sonic Youth, Throwing Muses), sans négliger l’impact d’héroïnes contemporaines (Warpaint). De bonnes intentions, de l’élégance et du beau jeu : S O R O R se profile comme une formation à suivre de près.

S O R O R est apparu depuis peu sur les radars. Quelle est l’origine du projet ?
Sophie Chiaramonte : Pendant des années, je me suis impliquée dans les activités d’un groupe. Jusqu’au jour où j’ai ressenti le besoin d’écrire des choses plus personnelles. À partir de 2015, j’ai composé quelques chansons à la basse. Et puis, au détour d’une vente de fringues vintage, j’ai rencontré Alice Ably. Elle jouait de la guitare et aspirait à travailler avec d’autres personnes. J’en ai profité pour lui faire écouter mes démos. Pendant un an, nous avons revu et corrigé ces morceaux en duo. Nous avons aussi développé des harmonies vocales. Fin 2016, nous avons cherché d’autres musiciens pour amener ce projet plus loin. C’est comme ça que la batteuse Mélissa Morales et le guitariste Thibaut Lambrechts sont venus compléter le groupe. Dans sa formule actuelle, S O R O R existe depuis septembre 2017.

En latin, votre nom de scène signifie « sœur ». À l’origine, S O R O R devait être une formation 100 % féminine ?
Chiaramonte : L’arrivée de Mélissa Morales à la batterie est venue renforcer cette idée. Pourtant, dans les faits, le nom du groupe est plus ancien. Il remonte à ma rencontre avec Alice et à quelques affinités insoupçonnées que nous entretenions chacune de notre côté. Dans la famille d’Alice, il y a six sœurs. Chez moi, nous sommes trois sœurs. Il se fait qu’à l’époque, je vendais des vêtements rétro sur une boutique en ligne qui s’appelait Sisters Vintage. De son côté, Alice gérait Sixsoeurs, un atelier spécialisé dans les fripes et la conception de costumes. Et puis, elle créait des bijoux sous le nom de Septième Sœur. Toutes ces coïncidences nous ont conduits à S O R O R.

Le groupe est-il une vitrine toute trouvée pour les bijoux d’Alice Ably et ses créations vestimentaires ?
Chiaramonte : Nous arborons souvent ses créations. Parce que nous les trouvons belles, pas pour les vendre ou les exposer. Là, par exemple, je porte un bracelet confectionné par Alice. C’est un travail sur le cuir. La patine est assez marquée. Toutes ses productions sont marquées par l’usure du temps. Cette notion traverse également les chansons de S O R O R. Dans les fringues comme en musique, nous créons avec des matières recyclées. Chez S O R O R, nous ne sommes pas vraiment en adéquation avec l’époque, ses évolutions technologiques et sa perception des réseaux sociaux. Nos personnalités sont très éloignées des réalités de la société high-tech. Chez nous, l’approche est plutôt manuelle et artisanale. Pour autant, nous sommes convaincus que S O R O R est un produit de son temps.

Depuis la polémique #MeToo et les accusations portées contre le producteur américain Harvey Weinstein, le militantisme féministe est en vogue. La musique de S O R O R s’inscrit-elle dans ce contexte ?
Chiaramonte : Les racines latines de S O R O R renvoient au concept de « sororité », un terme utilisé par les féministes françaises comme un équivalent féminin de « fraternité ». Cela étant, nous ne sommes pas dans la revendication politique ou sexuelle. Nos chansons reposent plutôt sur une vision poétique que politique. Dans ma vie de tous les jours, je suis enseignante. Je suis donc ultrasensible aux problématiques sociales qui agitent le monde d’aujourd’hui. J’y réagis au quotidien en tant que prof, mais aussi en tant que femme. Mais, dans la musique, j’aspire plutôt à des paroles universelles et transgenres. Les textes de S O R O R (en anglais, NDLR) se penchent notamment sur la notion d’individualité au cœur de la collectivité. Qu’on soit homme ou femme, comment trouve-t-on sa place dans la société moderne ? C’est une question à laquelle nous cherchons des réponses.

Avant de jouer ensemble au sein de S O R O R, vous avez connu d’autres expériences collectives avec des groupes comme The dIPLOMAT, Moaning Cities ou Walking Ghost Phase. Tirez-vous profit de ces différents apprentissages ?
Mélissa Morales : C’est certain. Par le passé, quand un musicien arrivait avec une bonne idée au cours du processus créatif, on gambergeait. On tournait parfois en rond. Notre fonctionnement était hésitant. Avec S O R O R, on se pose vite les bonnes questions et on se fait confiance. Chacun est écouté et maître de son instrument. C’est notre force.

À ce jour, la discographie de S O R O R repose sur trois titres disponibles en version digitale. Pensez-vous publier un album ou un objet physique d’ici la fin de l’année ?
Chiaramonte : Nous n’avons pas de cahier des charges. Nous avons enregistré nos trois premiers morceaux, à l’arrache, en une seule journée. L’idée était surtout de se faire un peu connaître, de promouvoir le nom du groupe et de choper l’un ou l’autre concert. Nous avons aujourd’hui la chance d’enchaîner de belles dates sans vraiment démarcher auprès des salles. Nous existons grâce au bouche-à-oreille. On se laisse porter, pour voir où tout cela nous mène. Rien n’est planifié, mais nous espérons poursuivre sur notre lancée pour enregistrer de nouveaux titres et, qui sait, un premier disque.

19/6, 19.30, Atelier 210
28/6, 20.30, Le Brass

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